Voie 53 note 1

Ce jour-là, une belle journée de juin post-confinement, je promène mon chien Jump comme d’habitude et je tombe, non pas sur une, mais deux grosses nouvelles crottes déposées par un chien du voisinage et non ramassées par le maitre. J’entame la conversation sur ce sujet avec les riverains de notre voie 53 que je rencontre et l’idée de mettre un panneau à l’entrée de la voie se dégage naturellement. Je sais qu’il faudra pour cela mettre un nouveau poteau et alors pourquoi ne pas en profiter pour ajouter un panneau de stationnement interdit dans notre voie privée ? J’en parle désormais systématiquement à tous les riverains que je rencontre lors de mes promenades canines. J’obtiens l’approbation de la plupart, une réponse de normand et trois propositions de collaboration au projet venant de Anne-Marie, Catherine et Jo.

Chaque fois que je croise sur notre voie un chien du voisinage je demande poliment au maitre s’il a des sacs pour les déjections. Cette fois-ci le maitre comprend et les crottes en question sont enlevées avant le lendemain.

Dans mes échanges avec les riverains de notre voie 53, je raconte quelquefois la triste histoire du décès il y a quelques années de Brigitte, notre voisine, et pour laquelle le camion des pompiers appelés au secours a eu de la difficulté à franchir le virage à l’entrée de notre voie 53. Cette équipe de premiers secours des pompiers a immédiatement demandé l’intervention d’un médecin urgentiste et celui-ci a ensuite eu des difficultés pour trouver l’entrée de notre voie 53. Légalement, nous sommes tous contraints de laisser libre à tout moment dans notre voie 53 un passage de 5m de large pour ce camion des pompiers.

Il est donc nécessaire de signaler clairement à l’entrée de notre voie 53 que celle-ci est privée et qu’il y est interdit de stationner.

Voici les panneaux :

Voie privée
Déjection canine interdite

Dé😎confinés semaine du 08/06/2020

Aveuglement covid19!

Jeudi 11/06/2020

France

Décès par million habitants covid19 France

Par rapport à la semaine dernière le graphique donne le même bilan final de 462 décès par million habitants soit 30 940 arrondi à 31 000 décès pour le pays qui comporte 67 millions d’habitants. Il reste donc à venir environ 5% des décès covid19. Les derniers 5% (de 90% à 95%) se sont étalés sur 25 jours. Les 5% précédents (de 85% à 90%) se sont étalés sur 9 jours. Si on fait une règle de trois, les tous derniers 5% (de 95% à 100%) devraient s’étaler sur 70 jours c’est-à-dire placer le dernier décès covid 19 en France aux environs du 20 août 2020

Dé😎confinés semaine du 01/06/2020

Jeudi 4 juin 2020

Décès par million habitants covid19 France

Confirmation de mes analyses graphiques précédentes. La droite de régression coupe l’abscisse à 462 décès par millions habitants soit donc un peu moins de 31 000 décès covid19 en France lorsque l’on n’aura plus aucun décès journalier. Le coefficient R2 s’améliore même légèrement ce qui indique que les tous derniers points de données sont encore mieux alignés avec la droite de régression que les point précédents. Nous sommes aujourd’hui à environ 29 000 décès covid19. Comme le rythme journalier est en diminution constante, les tous derniers 2000 décès devraient s’étaler sur de nombreuses semaines, sauf s’il y a une rupture de la tendance actuelle, par exemple à cause de l’arrivée de la belle saison et des effets bénéfiques du soleil sur le système immunitaire humain ainsi que sur la transmissibilité du virus. Ces deux derniers effets deviennent de plus en plus probables et admis par de plus en plus de spécialistes.

L’appli StopCovid a fait disparaitre le virus

Dé😎confinés semaine du 25/05/2020

Vendredi 29/05/2020

Interrogations sur l’étude du Lancet

La mécanique médiatique de nos temps présents est désolante. En premier lieu il y a la course à publier vite et fort pour surpasser les concurrents à l’audimat ou au nombre de clics qui sont les facteurs essentiels de rémunération publicitaire. Pas question dans cette étape de se donner le temps de vérifier ou d’analyser quoi que ce soit, même pour les fameux « quotidiens de référence ». Comme tout le monde se met alors à parler de la même chose en même temps, la nouvelle résonne partout et prend une importance démesurée. Les politiciens sautent dans ce train en marche pour associer leurs noms à la nouvelle et surfer l’énergie gratuite de cette vague médiatique. Les conseils scientifiques Théodule se réunissent en urgence et « éclairent » dans le bon sens la décision publique déjà prise. Dans un deuxième temps ceux qui ont lu l’intégralité du document originel commencent à acquérir de la traction dans leurs analyses et commentaires. Alors on publie simplement un nouvel article mais sans jamais reconnaître ses erreurs et précipitations antérieures. Si le secteur de la santé est malade de ses conflits d’intérêts, le secteur des grands médias est malade de sa mise en avant des clics au détriment du contrôle de qualité.

Jeudi 28/05/2020

France

Décès par million habitants covid19 France

Cette semaine, confirmation des tendances des semaines précédentes avec même une légère amélioration du R2. Les nouveaux points de données suivent proprement la droite de régression précédente et le nouveau point de fin d’épidémie est même en diminution infime par rapport au précédent. Je maintiens donc mon calcul graphique du plafond de 31 000 décès pour le covid19 en France (par rapport au dernier chiffre de 28 600 dans la base de données ECDC)

Mercredi 27/05/2020

Étude IHU Med sur 3737 patients

La conclusion de l’étude sur 3737 patients est que diagnostiquer les patients tôt, les isoler tôt, et les traiter tôt par au moins trois jours de cocktail hydroxychloroquine et azythromicine produisent de meilleurs résultats que les autres traitements administrés.

Dé😎confinés semaine du 18/05/2020

Jeudi 21/05/2020

Décès par million habitants France

Il y a eu plusieurs articles sur les faiblesses de la collecte des données covid19 en France (et par le monde) avec des variations en fonction du jour de la semaine. C’est en partie pour cette raison que mon principal jour de visualisation graphique est le jeudi. Les derniers points de données se placent parfaitement le long de la droite de régression calculée la semaine dernière avec seulement une très légère variation du point final (décès journaliers nuls) qui passe de 464 décès par million habitants à 466, variation qui est largement à l’intérieur de la marge d’erreur de ma méthode. Je maintient donc les conclusions de mon analyse graphique précédente qui donnait un bilan final d’un peu plus de 31 000 morts en France. On est donc encore à environ 3000 décès de cette fin tant attendue. J’ai adopté l’hypothèse la plus plausible à mes yeux qu’il n’y aura pas de deuxième vague généralisée.

3000 décès à venir c’est environ 10% du total covid19 à ce jour. C’est aussi l’ordre de grandeur du total annuel des décès de la sécurité routière. Les précédents 10% de décès ont pris 2,5 semaines. Les derniers 10% prendront mathématiquement plus de temps, n’espérons rien avant juillet.

Mardi 19/05/2020

JFB dé😎confinés

J’en suis à mon huitième enregistrement sur YouTube pour cette seule vidéo et chaque enregistrement prend plusieurs heures avec mon Adsl même si elle ne dure que six petites minutes (qualité 4k quand même). Exploration des effets de vitesse et de juxtaposition avec Davinci Resolve.

Hyères ou avant-hier à Hyères

Lundi 18/05/2020

Le monde d’après

Article très important du Monde, ce matin, bien documenté par de multiples sources. Il se concentre sur les choix de mise en scène que l’Élysée est en train de passer en revue pour se relancer politiquement face à l’échec, pour cause de covid19, des actions en cours (retraites, équilibre budgétaire, etc.). L’Élysée anticipe et envisage même de faire un virage keynésiano-environnemental, c’est-à-dire un quasi demi-tour.

On parle dans l’article de dissolution de l’Assemblée, de nouvelles législatives, de remaniement, de gouvernement de coalition, de référendum, de réunir le Congrès à Versailles ou tout simplement de laisser le Parlement débattre (!). À moins que quelqu’un sorte vite une nouvelle solution du chapeau.

Pour moi cet article illustre parfaitement le régime actuel et sa relation avec la grande presse. On ne sait pas encore complètement ce qu’il faut changer et pourquoi, mais on commence avant tout par faire des scénarios sur la mise en scène et l’enrobage médiatique ..

Chronique de Stéphane Lauer, Le Monde

Renault ne s’en sortira pas sans une intervention exceptionnelle de l’État. Carlos Ghosn avait à la fin manqué de vigilance et nommé une direction générale déficiente qui a multiplié les erreurs. Le défi pour l’après-covid19 est titanesque et l’État devient la seule bouée de sauvetage crédible. Bilan comptable, non-renouvellement des anciens modèles et arrivée retardée d’un nouveau DG en sont les principales raisons.

Dé😎confinés – semaine du 11/05/2020

Jeudi 14/05/2020

Décès covid19 par million habitants France

Confirmation de mon analyse d’hier. La flèche bleue montre le dernier point de données et la flèche rouge le total final.

Mercredi 13/05/2020

Décès covid19 par million habitants France

Le dernier point de données (flèche bleue) est particulièrement mauvais puisqu’il est au niveau d’il y a 12 jours. Du coup ma séparation antérieure entre phases 2 et 3 devient tout à fait artificielle et je l’abandonne. La nouvelle construction géométrique avec les deux phases combinées nous amène maintenant à environ 465 morts par million d’habitants (flèche rouge) pour le bilan final prévisible (une deuxième vague éventuelle reste encore trop hypothétique), soit un total final d’un peu plus de 31 000 morts en France.

Lundi 11/05/2020

Roses du jardin de Matthieu et Nolween
Voici pour célébrer le dé☺confinement l’analyse de Victor Ferry du passage de Raoult à la télé déformante. Ce Youtubeur de la rhétorique est toujours fascinant.

Je n’applaudis pas à 20 heures

Les EHPAD sont les grands oubliés de la réponse à l’épidémie. Pour les personnels, la consigne était claire: continuer à travailler et à offrir une alternative à une hospitalisation. Peu importe les conditions. Pour les pensionnaires, mourir seuls, et sans traitement pour apaiser ses souffrances. Par Jean-Hervé Bradol, Directeur d’études à La Fondation Médecins Sans Frontières.

(..) la moitié des 25 661 décès dus au Covid-19 sont survenus au sein de la sous-population des résidents d’Ephad estimée à moins de 600 000 personnes: moins de 1 % de la population française et 50 % des décès liés au Covid19. Illustration d’un cruel oubli, la Direction générale de la santé a communiqué le nombre de morts en Ephad pour la première fois le 7 avril. L’enfermement dans ces institutions, censé protéger leurs pensionnaires, a surtout amplifié la catastrophe tout en la rendant peu visible.

Ehpad: 1% de la population mais 50% des décès covid19
Le rôle de la carence de vitamine D dans la mortalité du covid19

Une étude médicale statistique sur les données hospitalières de dix pays (dont la France) a mis en évidence une corrélation significative entre une déficience en vitamine D et à la fois les orages de cytokine et la mortalité du covid19. La vitamine D joue un rôle majeur en renforçant le système immunitaire inné et en prévenant les orages immunitaires. Elle n’empêche pas d’attraper covid19 mais réduit ses complications et divise sa mortalité par deux. Cette découverte expliquerait pourquoi les enfants sont moins sensibles au covid19 (leur système immunitaire adaptif est en cours de développement), et pourquoi les africain-américains et les personnes âgées sont plus sensibles au covid19 (ces groupes sont en général déficients en vitamine D).

Vitamin D appears to play role in COVID-19 mortality rates

Confinés – semaine du 04/05/2020

Samedi 09/05/2020

Décès covid19 par million habitants France

Ma dernière analyse graphique date de mardi 05/05/2020 et les quatre points de données produits depuis ne changent en rien la droite de régression de la phase 3 et confirment parfaitement ma précédente extrapolation qui montrait qu’il faut s’attendre à 440 (flèche rouge) décès par million d’habitants pour l’épidémie en France soit un total final inférieur à 30000 décès d’ici quelques semaines. Mes hypothèses de base du déconfinement sont que:

  • toutes les personnes se retrouvant en nombre dans des espaces intérieurs confinés (métros, magasins, bureaux) utilisent des masques
  • l’on teste aussi massivement que promis les populations sensibles (personnes âgées, quartiers à forte densité par pièce
  • l’on isole les personnes positives de leurs familles et de leurs entourages

Jeudi 07/05/2020

Décès covid19 sur huit pays et le monde entier (Our World in Data)

Le temps est en abscisse et le nombre total de décès par million habitants en ordonnées. On voit qu’on y lit moins bien l’évolution récente que dans mon système de coordonnées avec le nombre total de décès en abscisse et le nombre journalier de décès en ordonnées.

Aux racines de la crise sanitaire française 5|5

La colère le dispute à la stupéfaction, en cette dernière semaine du mois de mars. En pleine crise du Covid-19, alors que la France est confinée, les conseillers du premier ministre, Edouard Philippe, découvrent, consternés, que depuis plusieurs semaines, des millions de masques issus des réserves étatiques, dont une part non négligeable était sans doute utilisable, sont consciencieusement brûlés… Ces fameux masques dont la population a tant besoin, et dont les stocks ont fondu dans des proportions phénoménales au fil des ans depuis 2009. Matignon fait aussitôt stopper le processus de destruction, mais l’épisode offre un saisissant raccourci de ce « désarmement sanitaire » dont le pays paie lourdement le prix aujourd’hui, et dans lequel le pouvoir actuel, notre enquête l’atteste, porte une lourde part de responsabilité.

Agnès Buzyn concentre les critiques, y compris dans son propre camp. Ainsi, certains ne se privent pas de souligner qu’à peine nommée au ministère, en mai 2017, elle avait fait l’erreur de propulser au poste-clé de conseiller technique chargé de la sécurité sanitaire un inconnu inexpérimenté : Jacques-Olivier Dauberton, un jeune généraliste officiant à Saint-Rémy-en-Bouzemont (Marne), un village de 518 habitants. Pour lui qui n’avait aucune formation en matière de sécurité sanitaire, il s’agissait là d’une promotion inespérée. Et pour le ministère, d’une façon de flatter les médecins libéraux. Celui-ci a fini par quitter le cabinet d’Agnès Buzyn en octobre 2018, un an et demi après son arrivée. Dix-huit mois durant lesquels le pays a définitivement baissé la garde sur le plan sanitaire.

Enquête. Aux racines de la crise sanitaire française 5|5. Dans une série d’enquêtes, « Le Monde » revient sur la stratégie nationale en matière sanitaire depuis vingt ans. Retour sur les choix faits depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, et nos informations sur la gestion chaotique des stocks de masques.

L’ambitieux Salomon s’était rapproché dès le début de l’année 2016 d’Emmanuel Macron. Rapidement, il lui a fait part de ses préoccupations. Le 5 septembre 2016, M. Salomon se fend même d’une note alarmiste. Exhumée des « MacronLeaks », l’ex-conseiller de Marisol Touraine avertit que « la possibilité de survenue d’un événement naturel d’ampleur, avec un impact sur un grand nombre de personnes, des dommages matériels importants, un impact financier et d’image, et des capacités de réaction dépassées (…) doit être sérieusement envisagée et anticipée. La France n’est pas prête. Notre pays doit adapter ses organisations aux spécificités des crises majeures à venir ».

A cette date – et c’était encore le cas, neuf mois plus tard, au départ de Marisol Touraine du ministère –, les réserves étatiques abritent très précisément 714 millions de masques chirurgicaux. Parmi ceux-ci, 616 millions datant pour l’essentiel de 2005 et 2006, mais sans date de péremption, les 98 millions restants ayant été acquis entre 2014 et 2016. Or, en mars 2020, il n’en restera plus que 117 millions. En moins de trois ans, les stocks ont été divisés par six ! Que s’est-il passé ?

Cette question, ils sont nombreux à se la poser aujourd’hui – au point que des investigations internes ont été récemment demandées à la DGS. Parmi ceux qui s’interrogent, l’ex-premier ministre Manuel Valls : « Il y a un truc que vraiment je ne comprends pas, c’est pourquoi Salomon, qui était LE conseiller de Marisol Touraine sur ces questions et qui, semble-t-il, a alerté le candidat Macron en 2016, pourquoi quand il devient directeur général de la santé n’en tire-t-il pas les conséquences… Est-ce qu’il se préoccupe, ou pas, de savoir où on en est ? ».

L’ambitieux Salomon

« Moi, je sais ce que je laisse à mon départ, martèle, de son côté, Marisol Touraine, à propos du passage de témoin du printemps 2017. Je suis absolument certaine que l’appareil d’Etat a tous les chiffres. » L’ex-ministre PS de la santé ajoute, et c’est tout sauf neutre : « Le point de contact à mon cabinet était Jérôme Salomon. » « Il s’est passé quelque chose, insiste-t-elle encore. Quand et pourquoi 600 millions de masques ont-ils disparu ? Il y a des gens qui peuvent vous répondre, j’imagine que Mme Buzyn ne parle plus… » Exact. Agnès Buzyn nous a répondu, par SMS : « Je m’exprimerai à distance de la crise quand je pourrai y voir plus clair et accéder à des documents. Je pense cependant que la DGS dispose de tout. »

Santé publique France (SPF), la directrice, Geneviève Chêne, a consenti, par téléphone, à en dire (un peu) plus. « Je suis arrivée le 4 novembre 2019 », se dédouane-t-elle d’emblée. Lorsqu’on aborde le sujet ô combien sensible des quelque 600 millions de masques évanouis, elle finit par concéder : « Une partie a été détruite, entre 2017 et 2019. » Avant d’ajouter : « Le ministère et la DGS disposent de tous les éléments précis. » Décidément…

« J’imagine que Mme Buzyn ne parle plus… »

Son prédécesseur, François Bourdillon, est plus prolixe. Nommé en juin 2016 à la tête de SPF, il se rappelle avoir reçu, en avril 2017, un courrier du patron de la DGS de l’époque, Benoît Vallet. Celui-ci lui demandait de « lancer un programme de contrôle de la qualité et de l’efficacité des 616 millions de masques acquis en 2005-2006 ». Selon Libération du 27 avril, une entreprise belge, chargée de faire passer une batterie de tests à un échantillon de quelques milliers de modèles, aurait conclu à leur non-conformité. « Au second semestre 2018, raconte au Monde M. Bourdillon, j’écris à la DGS que la grande majorité, voire la totalité des masques sont périmés et non fonctionnels. Il devait en rester, d’opérationnels, une centaine de millions. A la limite de la péremption, je ne suis même pas sûr que ça devait dépasser 2019. » La quasi-totalité des 616 millions de masques chirurgicaux datant de 2005-2006 ont ainsi été mis au pilon. Voilà donc pourquoi, depuis fin mars, Véran évoque un stock de 117 malheureux millions : les 98 millions achetés entre 2014 et 2016, plus 19 millions ayant échappé à la destruction…

Selon l’ex-patron de SPF, la pénurie serait surtout la conséquence de la doctrine élaborée en 2011 et entérinée en 2013 confiant à l’Etat la gestion des masques chirurgicaux, destinés au citoyen lambda, et aux employeurs celle des FFP2, plus filtrants, réservés aux professionnels de santé. « Le fait que les masques chirurgicaux soient destinés à la population, et que le ministère de la santé n’était pas convaincu de leur utilité pour le grand public – on l’a vu en 2020 –, je pense que ça a dû jouer dans la prise de décision de ne pas reconstituer les stocks », se désole François Bourdillon. Autrement dit, entre la doctrine décrétée en haut lieu médical et l’absence de certitudes, côté exécutif, sur leur réelle efficacité, les masques ne sont plus, désormais, un enjeu de santé publique.

Nouvelle doctrine aux effets pernicieux, lenteur administrative, absence de décision politique… un cocktail délétère. M. Bourdillon regrette des « erreurs stratégiques ». Il se souvient ainsi avoir milité, en vain, pour les masques. Il dispose alors de 150 millions d’euros de budget annuel pour faire tourner une agence de 600 personnes ; impossible, dans ces conditions, d’engager sur sa simple initiative de telles dépenses : « C’est le politique qui décide, moi je n’ai pas les réserves pour acheter des stocks de masques. » Dommage, c’est exactement ce dont aurait eu besoin le pays, début 2020.

616 millions de masques chirurgicaux mis au pilon

(..) en 2018, faute de commandes, la dernière usine française de production de masques, basée à Plaintel (Côtes-d’Armor), a fermé ses portes… Amer, son patron, Roland Fangeat, dénonce « un gâchis sanitaire et industriel. Ça a été une catastrophe pour Plaintel. L’entreprise a agonisé, alors qu’on comptait encore 200 employés en 2017 ». Preuve de son impéritie, l’Etat presse désormais Fangeat de remettre ses ateliers en route ! « A l’époque, c’était 35 centimes le masque, et là, en Chine, ça coûte combien ? Je serais curieux de savoir à quel prix ils les ont payés, on verra les économies qu’on aurait pu faire », cingle l’entrepreneur. Combien ? Au moins trois fois plus cher, a priori…

Benoît Vallet, DGS d’octobre 2013 à janvier 2018, aimerait lui aussi avoir des réponses, même s’il a sa petite idée. « C’est moi qui avais lancé en 2017 l’expertise sur les masques, pour savoir si on pouvait compter dessus », rappelle-t-il, en écho à François Bourdillon (ex-responsable de la SPF). Mais il apporte une nuance fondamentale aux propos de son ancien subordonné. Selon M. Vallet, une part substantielle des 616 millions de masques datant de 2005-2006 aurait sans doute pu être mise en circulation. D’ailleurs, observe-t-il, ils ne portaient pas de date de péremption, contrairement aux 98 millions acquis ces dernières années – « à partir de 2010, les fabricants ont pris la précaution d’indiquer une date de péremption, souvent de cinq ans, mais il n’y a pas d’obligation réglementaire », explique-t-il. Mais Benoît Vallet insiste : « Ces masques peuvent être utilisés même quand ils sont anciens, ils conservent leurs propriétés. Je n’ai jamais vu le résultat de l’expertise rentrée en 2018 puisque j’avais quitté la DGS, mais je sais qu’elle ne pouvait pas vraiment donner d’avis. »

Un ballet aérien d’Antonov vers la Chine

Preuve selon lui que, pour une bonne partie, ces 616 millions de masques auraient été parfaitement utilisables, Benoît Vallet révèle que « ces derniers mois, certains masques pas encore détruits ont à nouveau été expertisés, afin de vérifier leur qualité de filtration et s’assurer qu’ils n’avaient pas été contaminés ». M. Vallet affirme ainsi que la Direction générale de l’armement (DGA) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont été saisies dans l’urgence par le ministère de la santé afin d’évaluer la fiabilité des millions de masques épargnés par l’incinération.

« Les informations que j’ai eues, c’est que les tests sont revenus de façon favorable, ce qui va d’ailleurs permettre de les utiliser dans les prochaines semaines », confie M. Vallet, membre, depuis le 9 avril, de la Coordination pour la stratégie nationale du déconfinement. Son constat est limpide : « Ça remet en question l’idée que le stock de 616 millions était aussi dégradé que ça a pu être suggéré. D’ailleurs, je n’ai jamais entendu quelqu’un dire de manière formelle que ce stock était inutilisable. » Une source proche de l’exécutif assure toutefois, au Monde, qu’au moins une partie du stock initial était inopérante car rongée par l’humidité.

Arc-bouté sur sa marotte – l’Etat doit avoir un milliard de masques en réserve –, Benoît Vallet en vient à l’essentiel : « De toute façon, si ces masques devaient vraiment être remplacés, alors, si la doctrine reste celle du milliard, on devait, à titre de précaution, reconstituer les stocks stratégiques. » En clair, l’exécutif aurait triplement fauté : en détruisant des masques encore bons à l’emploi et, dans tous les cas, en omettant de renouveler mais aussi d’augmenter les stocks.

M. Vallet se souvient avoir demandé au Haut Conseil de la santé publique (HCSP), en novembre 2016, un avis sur les mesures à prendre en cas de pandémie grippale. Le HCSP rend son rapport en… mai 2019. A relire ce document, on mesure le temps perdu : « La constitution d’un stock devrait être considérée comme le paiement d’une assurance que l’on souhaite, malgré la dépense, ne jamais avoir besoin d’utiliser, elle ne saurait être assimilée à une dépense indue. » Conclusion : « En cas de pandémie, le besoin en masques est d’une boîte de 50 masques par foyer, à raison de 20 millions de boîtes en cas d’atteinte de 30 % de la population. » Vingt millions multipliés par 50 égalent le fameux milliard cher à Benoît Vallet.

Masques parfaitement utilisables

La réaction des autorités sanitaires à ces préconisations ?Un « bon de destruction » de 60 millions de masques, en décembre 2019 !D’autres destructions avaient eu lieu avant cette date. Et d’autres après, on le sait aujourd’hui. Pour compenser cette liquidation massive des stocks publics, on recense en contrepartie une simple commande de 100 millions de masques, passée courant 2 019, dont les deux tiers devaient être livrés en… 2020. Dérisoire.

C’est un fait : le sommet de l’Etat a découvert bien trop tard l’étendue des dégâts, sans doute peu et mal informé, que ce soit par SPF, la DGS ou le ministère de la santé. Dommage collatéral de cette débâcle sanitaire : une défiance généralisée.

« Bon de destruction »

Mercredi 06/05/2020

L’armée française n’écoute pas le gouvernement français
Onfray – Raoult et répétition de la grippe espagnole
Licenciements, 200 000 ou 2 millions?
Véran parle de Raoult
Et on fait pareil ..
Ordonnance Pénicaud
Les guignols de l’infox
Ils sont forts les chinois
Alertes de l’ambassadeur de France à Pékin

Mardi 05/05/2020

France, les trois phases

Patatras! Le nouveau point de données d’aujourd’hui (marqué d’un rond rouge) ne confirme pas mon analyse d’hier, que j’ai vérifiée et dans laquelle j’avais laissé échapper un point de données (marqué d’une flèche bleue). La conséquence est qu’il me faut maintenant faire démarrer la troisième phase beaucoup plus tôt et que sa pente descendante est maintenant bien plus faible avec un R2 (R2=0,7711) un chouia moins bon. La conséquence de la conséquence est que le bilan total de cette crise sanitaire en France sera sans doute inférieur à 440 (flèche rouge) décès par million d’habitants (au lieu de 400 avec mon analyse d’hier) soit un total final inférieur à 30000 décès (au lieu de 27000).

Le gouvernement refuse aux entreprises un dépistage généralisé du Covid-19

La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a répété que cette pratique était interdite et qu’elle devait être réalisée par des professionnels formés. Veolia s’est engagé dans cette voie. Le Crédit mutuel a décidé de suspendre une opération identique qu’il s’apprêtait à lancer.

La ministre du travail l’a redit, lundi, sur Franceinfo. « Il est interdit de faire des campagnes généralisées de dépistage en entreprise », a déclaré Muriel Penicaud, expliquant qu’« à l’heure actuelle, seuls les tests virologiques RT-PCR sur prélèvement naso-pharyngés [étaient] fiables pour confirmer le diagnostic de Covid-19 ». Elle estime que « ces prélèvements sur prescription médicale sont douloureux, complexes logistiquement [équipements de protection, parcours des données du patient] et doivent être réalisés par des professionnels formés ». Elle conclut qu’« à ce stade, aucune organisation par les employeurs de prélèvements en vue d’un dépistage virologique ne saurait s’inscrire dans la stratégie nationale de dépistage ».

Le gouvernement refuse aux entreprises un dépistage généralisé du Covid-19

Italie

Italie trois phases

L’Italie a une distinction moins claire que la France entre phase 2 et phase 3. On peut dire cependant que la décroissance s’accélère progressivement. Le bilan final devrait être entre 500 et 600 décès par million d’habitants c’est à dire entre 30000 et 35000 décès

Lundi 04/05/2020

France les trois phases

Depuis sept jours la troisième et dernière phase est nettement apparue en France. On constate une belle décroissance presque linéaire (R2=0,8235 ce qui montre une faible variation autour de la droite). En extrapolant cette droite on pourrait s’attendre désormais à un bilan de décès totaux par million d’habitants inférieur à 400 (on se trouve en ce moment à 381) soit un total final inférieur à 27000 décès. Cependant, ce dernier chiffre peut éventuellement être modifié si le déconfinement produit de nouveaux « clusters » épidémiques qui n’existent pas aujourd’hui.

Confinés – semaine du 27/04/2020

Dimanche 03/05/2020

L’environnement module les interactions entre le virome et le génome humain. Elles dépendent des conditions d’humidité, de transport, de pollution, mais avant tout de la température. L’enveloppe du virus est sensible à la chaleur : le fait d’être exposée pendant le temps de transfert, celui de la contamination, à une chaleur plus importante, pourrait diminuer le nombre et l’agressivité des particules virales. Il faut donc toujours considérer ces trois facteurs : le virus, les vulnérabilités humaines et l’environnement.

« Moins de 5 % de la vague reste à subir »

pour l’instant, on n’assiste à aucune deuxième vague dans aucun pays du monde

Professeur Jean-François Toussaint, Nice-Matin, 02/05/2020

On approche de la fin de ce voyage chaotique. Ce virus est certes nouveau, mais il s’inscrit dans une dynamique classique. Les interactions sont étudiées par les virologues et les épidémiologistes dans le monde et la forme de cette vague n’est pas différente des précédentes. On a assisté à une montée très rapide, en quatre semaines après le début de la phase exponentielle, puis une descente rapide, en 6 semaines. Ce fut la même en Italie et en Espagne – qui ont confiné strictement – ou en Suède, Pays-Bas et Allemagne, qui n’ont pas confiné. L’Allemagne a appliqué une politique d’isolement proportionnée, équivalente à celle de la Corée.

Or les variations du résultat final dépendent des mesures de distanciation initiales et des gestes barrière (mettre un masque, se tenir à plus de deux mètres) et non du confinement, d’autant qu’il arrive le plus souvent trop tard au regard de la phase de circulation initiale, qui démarre en décembre ou janvier hors de Chine.

Professeur Jean-François Toussaint, Nice-Matin, 02/05/2020

Vous remettez en cause le choix du confinement ?
Une publication de Thomas A.J. Meunier (1) ce matin sur MedRxiv (prononcez « Med arkaïve » à l’anglaise, ndlr) confirme que le confinement ne joue pas sur la contagiosité de la maladie. Elle a sa propre dynamique. Si on resynchronise les courbes des pays, c’est la même chose. Le confinement ne change rien à la dangerosité du virus ni à sa propagation. En Europe, la moyenne des taux de mortalité établie pour les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne est la même que celle des autres pays : 100 décès par million d’habitants d’un côté, 101 de l’autre, indépendamment de la politique choisie.

En Italie ce n’est toujours pas terminé…
Les taux de décès en Italie et en Espagne sont montés 30 et 50 % plus haut qu’en France. La montagne grimpée en mars, doit être redescendue. Il faut un peu plus de temps, mais ces pays ont franchi 85 % du parcours et l’achèveront avec une à deux semaines de décalage. Je précise que ce constat repose sur l’analyse des données réelles et non sur des simulations.

Professeur Jean-François Toussaint, Nice-Matin, 02/05/2020

Il aurait donc fallu adapter notre conduite dès que l’écart avec les simulations devenait apparent mais cela n’a pas été fait.

Professeur Jean-François Toussaint, Nice-Matin, 02/05/2020

Combien de temps faut-il pour que cette pandémie s’éteigne ?

Dans le monde, les pays d’Amérique du Sud sont à surveiller de très près. Si le virus s’y maintient pendant l’hiver austral, il pourrait enclencher un cycle saisonnier. En France, le virus circule de moins en moins. Le discours du Premier ministre annonçait mardi le seuil des 1000 contaminations par jour pour le déconfinement. Le pays s’y trouve trois jours après. Là encore nos décisions doivent être adaptées à la réalité des chiffres validés. Si le virus arrête de circuler, faut-il continuer à agir comme si nous étions au début de l’épidémie ?

Professeur Jean-François Toussaint, Nice-Matin, 02/05/2020

Jeudi 30/04/2020

COVID-19 : cartographie(s) d’un débordement
par Nicolas Lambert · Publié 15/04/2020 · Mis à jour 16/04/2020
Enquête Mediapart Régions épargnées

L’épidémie laisse des pans entiers du pays tranquille. La bête s’obstine sur quelques territoires et ne semble pas avoir l’intention d’en sortir. Dix départements concentrent la moitié des décès : Paris, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Haut-Rhin, Moselle, Val-d’Oise, Bas-Rhin, Rhône et Seine-et-Marne. À l’inverse, seize départements comptent moins de dix morts cumulés depuis le début de l’épidémie.

(..) Cette étrange diffusion en tache d’huile semble une constante, quelles que soient les mesures prises. On la retrouve en Espagne, où Madrid et la Catalogne concentrent 60 % des décès, en Italie, avec 70 % des décès recensés en Lombardie et dans l’Émilie-Romagne. Mais aussi en Suède et aux Pays-Bas, qui n’ont pourtant pas procédé à un confinement généralisé. La région Zuid-Nederland compte par exemple 490 morts du Covid-19 par million d’habitants, contre 200 pour la région Oost-Nederland, où se situe pourtant Amsterdam.

« Ce qui est étonnant, c’est non seulement cette concentration de l’épidémie mais aussi le fait que cela ne bouge pas dans le temps », remarque Olivier Bouba-Olga, professeur en aménagement de l’espace et urbanisme à l’Université de Poitiers, qui cartographie l’évolution de l’épidémie depuis ses débuts.

Rétrospectivement, les études mettent en évidence deux moteurs principaux dans cette dynamique étonnante : le rôle fondateur des « super-spreading events », que l’on pourrait traduire par évènements super-contaminants, d’une part, et la transmission nosocomiale aux personnels soignants, d’autre part.

Les évènements super-contaminants jouent à nouveau un rôle-clé dans l’actuelle épidémie. On pense bien sûr au rassemblement évangélique de Mulhouse, où plus d’un millier de fidèles ont été infectés, dont une infirmière qui aurait ensuite elle-même contaminé 250 collègues soignants des hôpitaux universitaires de Strasbourg. En Italie, le match de foot FC Valence contre Atalanta, surnommé le « match zéro » par la presse, est considéré comme l’élément déclencheur de l’épidémie nationale : quelque 40 000 supporters y étaient réunis. Outre-Rhin, le « Wuhan allemand » serait cette fois un carnaval à Gangelt, près de la frontière hollandaise. Dans ces rassemblements très denses, où les personnes chantent, crient et s’animent les unes à côté des autres, la contamination via les sécrétions respiratoires est au maximum. C’est à partir de ces « accidents historiques » que s’auto-amplifie ensuite l’épidémie.

Ce phénomène d’auto-amplification aurait une explication biologique : de plus en plus de publications indiquent que, comme bon nombre d’autres pathogènes respiratoires, plus on est exposé à une forte dose infectieuse, plus on développerait des symptômes graves et plus on serait ensuite soi-même contaminant pendant une plus longue période. « Cette donnée virologique classique expliquerait également pourquoi le taux de létalité peut passer du simple au double selon que l’on se situe en dehors ou à l’intérieur d’un cluster et pourquoi l’âge moyen des cas en réanimation diminue au fur et à mesure de la constitution d’un cluster », spécule le docteur Yvon Le Flohic.

En effet, chez les personnes âgées ou fragiles, peu importe la dose, le virus parvient toujours à trouver sa route jusqu’aux cellules pour s’y répliquer. Mais chez les personnes plus jeunes, le système immunitaire parviendrait d’autant plus facilement à neutraliser les virus qu’ils sont en faible nombre. En outre, il n’est pas exclu qu’une exposition répétée au virus puisse, chez certains individus, entraîner un mécanisme immunitaire pernicieux connu sous le nom de facilitation de l’infection par les anticorps. Dans ce cas, les anticorps n’empêchent pas l’infection, au contraire : ils facilitent l’entrée du virus dans les cellules, amplifiant ainsi son effet morbide. Ce phénomène a été observé in vitro avec le virus du Sras. Il est également bien connu dans le cas d’une seconde infection par le virus de la dengue. Mais pour ce qui est du SARS-Cov-2, il ne s’agit pour l’heure que d’une hypothèse.

Cette notion de dose infectieuse pourrait également expliquer pourquoi la plupart des contaminations se produisent lors d’interactions sociales prolongées en milieu clos. Après avoir analysé quelque 7 324 cas positifs au SARS-Cov-2, situés en dehors du foyer initial de la province de Hubei, des chercheurs chinois ont ainsi découvert que toutes les contaminations ont eu lieu en intérieur, essentiellement dans les appartements. Toutes, à l’exception d’une seule.

« La transmission du SARS-Cov-2 est un phénomène intérieur », concluent les auteurs, soulignant au passage que nos vies modernes se déroulent précisément à l’intérieur… Ce qui, au passage, pourrait représenter un effet pervers du confinement pour tous ceux qui habitent dans des logements exigus. « Et une ironie douloureuse pour ceux qui sont invités à rester chez eux alors qu’ils sont davantage en extérieur, comme dans certaines villes africaines », note Michael Neuman du Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (CRASH) de Médecins sans frontières.

(..) Mais ce n’est pas tout : plusieurs publications indiquent que des microgouttelettes pourraient rester en suspension dans l’air, entraînant une contagion par voie aérienne durant plusieurs heures. Ces microgouttelettes pourraient s’accumuler dans les espaces clos, par exemple dans les toilettes des hôpitaux, et même s’infiltrer dans les systèmes d’aération. « Nous devons tenir compte du fait que toutes les expositions au coronavirus peuvent ne pas être identiques », plaident Joshua Rabinowitz, directeur d’un laboratoire de chimie et de génomique à l’Université de Princeton, et Caroline Bartman, en postdoctorat. Pour ces deux chercheurs, il faudrait « davantage se concentrer sur la prévention des infections à forte dose ».

Une fois l’étincelle produite, l’épidémie se déploierait donc essentiellement d’un lieu clos à un autre : appartements, métro, prisons, maisons de retraite ou encore… hôpitaux, le deuxième moteur de l’épidémie de SARS-Cov-1 identifié a posteriori par les épidémiologistes, après les super-spreading events. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les soignants ont en effet représenté 20 % de l’ensemble des cas de Sras recensés durant l’épidémie de 2002-2003. Or, il se pourrait que l’on soit dans la même situation avec le SARS-Cov-2.

Régions épargnées: pourquoi le virus y circule peu

Les soignants sont clairement parmi les principales victimes de cette épidémie. Mais pourraient-ils également en être les principaux vecteurs ? En Italie, des médecins avaient pointé dès le mois de mars, dans une tribune publiée dans le New England Medecine Journal, le fait que l’hôpital puisse représenter un important vecteur de la maladie. Mais les arguments scientifiques manquent encore pour affirmer ou infirmer cette hypothèse. Après avoir épluché les données de tous les départements français pour tenter de trouver des facteurs explicatifs aux différents taux d’hospitalisation, de mortalité et de surmortalité liés au Covid-19, des chercheurs du laboratoire EconomiX du CNRS ont remarqué que le nombre de services d’urgence exerce une influence négative. « La structure et l’état du système de santé permet d’atténuer les effets de la maladie », interprète Nadine Levratto, directrice de recherche et co-auteure de l’étude, pour qui les soignants sont trop minoritaires parmi la population pour que leur éventuel rôle de vecteur apparaisse de manière significative sur les chiffres de l’épidémie. En revanche, les auteurs ont repéré d’autres facteurs susceptibles d’influencer la diffusion particulière de l’épidémie. À commencer par une forte influence du voisinage.

Les départements qui présentent des taux d’hospitalisation, de mortalité et de surmortalité élevés ont logiquement tendance à se trouver à proximité de départements présentant des taux similaires. Néanmoins, certaines caractéristiques propres à chaque département les rendraient plus ou moins vulnérables. « Un département voisin d’un territoire à forte prévalence de la maladie aura un risque d’autant plus grand d’être touché à son tour qu’il présente une forte densité démographique, des inégalités de revenus et une part importante d’ouvriers dans sa population, dont les possibilités de télétravail sont moindres », résume Nadine Levratto.

Autre facteur mis en avant par certaines recherches : la pollution de l’air ou plus précisément le taux de particules en suspension. En France, en Italie ou en Espagne, les zones les plus touchées sont aussi celles dont le taux de particules fines dans l’air est le plus élevé. Simple conséquence des zones urbanisées ou véritable lien de causalité ? Plusieurs études pointent la capacité des virus à « s’accrocher » aux particules polluantes et ainsi, survivre plus longtemps dans l’air et circuler au gré des vents. Autre hypothèse : la pollution de l’air aggraverait les symptômes du Covid-19 en fragilisant en amont les muqueuses du nez, de la gorge et les alvéoles des poumons. « Une augmentation d’à peine 1 μg/m3 des particules en suspension dites PM2,5  [2,5 microns de diamètre – ndlr] est associée à une augmentation de 15 % du taux de létalité du Covid-19 », affirment ainsi des chercheurs de l’école Harvard T.H. Chan de la santé publique, à Boston, dans une prépublication en attente de validation.

Espaces confinés, densité démographique, hôpitaux, métro, population ouvrière, pollution… On comprend mieux pourquoi ce coronavirus préfère les villes à la campagne. Mais une question demeure : pourquoi les virus de la grippe n’ont quant à eux aucune préférence géographique ? Pourquoi déferlent-ils aveuglément, de manière synchrone et homogène, sur l’ensemble du territoire lors des épidémies hivernales, alors qu’ils sont censés être deux fois moins contagieux que l’actuel SARS-Cov-2 ? Eux aussi connaissent une relation dose-effet susceptible de former des clusters. Ils peuvent également être aéroportés, s’aider des polluants atmosphériques. Tout cela a aussi été démontré pour les virus grippaux.

« L’une des clés pourrait résider dans le rôle des personnes asymptomatiques, celles qui portent le virus mais ne présentent aucun symptôme, envisage Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève. Dans le cas de la grippe, plus de la moitié des personnes infectées ne déclarent aucun symptôme mais sont tout de même contagieuses. Elles permettent une diffusion préalable et silencieuse du virus au sein de l’ensemble de la population, avant le démarrage visible de l’épidémie. C’est ce qui explique que tous les pays d’Europe de l’Ouest passent au rouge au même moment. Dans le cas du Covid-19, c’était le Boléro de Ravel : chaque pays faisait son entrée de manière successive. » Pour ce spécialiste de la grippe, c’est un argument fort en faveur de l’hypothèse d’une absence d’ensemencement préalable par les asymptomatiques.

« Dans de nombreuses études sur le Covid-19, les asymptomatiques étaient en fait pré-symptomatiques : des personnes qui ont déclenché quelques jours plus tard les symptômes. Or, lorsqu’on reste asymptomatique, on est possiblement contagieux quelques jours : étant en bonne santé, on n’a pas de raison particulière de prendre des précautions, on risque donc de contaminer beaucoup de monde. Les pré-symptomatiques vont être contagieux 24 heures ou 48 heures avant de développer des symptômes et le plus souvent, ils s’auto-confineront ensuite : le nombre de contacts sera alors plus limité. »

L’ensemble de ces hypothèses mérite donc encore d’être validée. Mais une chose est sûre : nous n’utilisons pas les bons modèles pour prédire l’évolution de cette épidémie. « La majorité des modèles utilisés pour Covid-19 sont recyclés de la grippe, avec comme hypothèse centrale la panmixie, c’est-à-dire la transmission de manière aléatoire et homogène du virus dans la population. Ces modèles fonctionnent à l’intérieur des clusters, mais ils risquent d’être tout à fait inopérants pour le reste du territoire », prévient Antoine Flahault.

Ils auraient donc tendance à surestimer l’impact de l’épidémie dans les pays où les zones de clusters ne regroupent qu’une petite partie de la population. Mais attention, avertit l’épidémiologiste : « Il n’est pas impossible que l’on bascule vers un mode épidémique de type grippal dans quelques mois si on laisse nos cas symptomatiques diffuser dans la nature. Ils procéderaient alors à l’ensemencement général de la population et, lorsque le frein estival sera levé (si frein il y a), une épidémie massive pourrait se déclencher, comme cela s’est produit pour la deuxième vague de la pandémie grippale de 1968-1970. » D’où l’importance de tester le plus de symptomatiques possibles, tracer leurs contacts et isoler quelques jours les porteurs de virus, souligne le chercheur. Faute de quoi, le virus des villes pourrait également devenir un virus des champs.

Les virus de la grippe, eux, n’ont aucune préférence géographique

Mercredi 29/04/2020

La promesse de Bruno Le Maire sur les paradis fiscaux
Tests de dépistage
Un premier pas dans la bonne direction
Ah! cette bureaucratie française que le monde nous envie ..

Évolutions des décès par million habitants en France

Décès par million habitants en France

On peut maintenant affirmer sans grand risque de se tromper que les décès journaliers covid19 sont en claire décroissance en France. Le maximum a été le 04/04/2020, le jour où les chiffres des décès non-hospitaliers (essentiellement Ehpad) ont été ajoutés aux statistiques journalières. Un grand chaos dans les chiffres journaliers a suivi pendant environ 12 jours avec de grandes variations d’un jour à l’autre. Depuis cinq jours on est en plus en dessous des 8 décès par million d’habitants et par jour, chiffre qui commençait à constituer un plafond graphique pour les morts hospitalières à la fin de la phase de croissance. J’ai tracé la droite de corrélation pour la phase de décroissance. Son R2 est encore relativement faible à R2=0,3333 à cause essentiellement de la période de transition chaotique avec grandes variations journalières.

Comparaison France – Suède

Décès covid19 par million habitants France – Suède

Sur le graphique précédent j’ai ajouté les points de données de la Suède sans changer les échelles. Les derniers points de données sont marqués en jaune et avec un S rouge pour la Suède et un F rouge pour la France. La Suède, malgré son manque de confinement obligatoire, se débrouille un peu mieux que la France. En termes de décès totaux par million d’habitants, la Suède est à 64% du niveau français.

Nous avons opté pour une stratégie durable, quelque chose que nous pouvons continuer à faire pendant des mois. Le coronavirus ne va pas disparaître. Tout pays qui croit pouvoir se prémunir en fermant les frontières, les commerces, etc., sera probablement trompé à un moment. Nous devons apprendre à vivre avec cette maladie. La Suède poursuit son « non-confinement »
Is Sweden Doing the Right Strategy with COVID-19?
Sweden says its coronavirus approach has worked. The numbers suggest a different story
By Emma Reynolds, CNN
Updated 0006 GMT (0806 HKT) April 29, 2020

Un effet silver lining inattendu

Pierre Stephan est apiculteur en Alsace dans le Parc régional des Vosges du Nord. En vingt ans, il n’a jamais connu un début de saison pareil, la production de ses abeilles explose. Selon lui, le confinement y est pour beaucoup.
 
France 3 grand est: Par Catherine Munsch Publié le 26/04/2020 à 08:30 Mis à jour le 26/04/2020 à 10:09

En ce début de saison, les butineuses rapportent le nectar des fleurs de pissenlit, d’aubépine et des arbres fruitiers. Le tout dans un calme exceptionnel, auquel ni elles, ni l’apiculteur n’étaient habitués. L’activité forestière est suspendue, les tronçonneuses des bûcherons sont muettes, les promeneurs et les touristes sont confinés chez eux. Il n’y a plus de circulation d’aucune sorte, ni sur les sentiers, ni sur les pistes cyclables.

L’agriculture, elle aussi, tourne au ralenti. Les paysans n’ont pas encore fauché les prairies comme les autres années, les traitements agricoles sont moins nombreux. Tout est calme et moins pollué, les abeilles peuvent butiner sans être dérangées. Deuxième raison, et non des moindres, la météo favorable, se réjouit l’apiculteur : »L’an dernier, on avait un printemps long et froid, des pluies et du gel, puis il a fait trop chaud très vite et il y a eu la sécheresse. Cette année on a du soleil, de bonnes températures… Si on avait un tout petit peu plus de pluie, ce serait idéal. » 

Apiculteur depuis 20 ans, Pierre Stephan témoigne : “Mes abeilles n’ont jamais produit autant de miel”

Mardi 28/04/2020

Le tout dernier bulletin vidéo du Pr Raoult

Il a l’assurance de celui qui connait bien les limites entre ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas. Son affirmation qui m’a le plus étonné est qu’il n’y aura pas de seconde vague. A-t-il pris en compte le fait que les échanges internationaux sont bien plus importants qu’avant? Je croyais que depuis la grippe espagnole l’on avait documenté le retour d’épidémies après un passage par l’hémisphère sud lors de son hiver austral. Il est rassurant, mais semble isolé dans son rejet de deuxième vague possible (voir ci-dessous). il faut être prudent et continuer à porter un masque en public, ce qui semble être le geste individuel de prévention le plus efficace.

« virus de la grippe espagnole », souche H1N1 , sévit en deux vagues meurtrières, l’une de mi-septembre à décembre 1918, l’autre de février à mai 1919
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grippe_espagnole

Lundi 27/04/2020

Covid-19 : comment le coronavirus exploite la réponse immunitaire pour attaquer des cellules respiratoires et intestinales
 PAR MARC GOZLAN

Confinés – semaine du 20/04/2020

Dimanche 26/04/2020

Description de la nouvelle étude rétrospective sur le traitement à l’hydroxychloroquine

Cette nouvelle étude rétrospective en phase de prépublication sur le traitement à l’hydroxychloroquine n’est pas conclusive car les trois groupes de patients sont hétérogènes et le groupe non traité à l’hydroxychloroquine était celui des patients en meilleure santé avec les symptômes les moins graves. De plus le protocole ne comportait pas l’ajout du zinc.

Interview du Dr. Jerome Kim, le Directeur Général de International Vaccine Institute (IVI)

Le Dr Kim répond à presque toutes les questions que l’on se pose sur les vaccins covid19 en cours de préparation. Cette interview en anglais très facile à comprendre est claire et remarquable. Quarante quatre minutes de votre temps bien investies. International Vaccine Institute

Samedi 25/04/2020

Comparaison Allemagne France UK

Décès covid19 Allemagne France UK 25/04/2020

À ce jour (données ECDC de la veille) l’Allemagne n’enregistre qu’environ 2 décès journaliers par million d’habitants alors que la France est à environ 6 décès et la Grande Bretagne à environ 11 décès. Tous les trois pays ont passé leur maximum journalier. La France est le seul pays a avoir eu une phase avec de très fortes variations d’un jour à l’autre dans les décès journaliers. Cela est sans doute le signe de faiblesses soit dans le mécanisme de comptage, soit dans la stratégie de combat de l’épidémie (ayant laissé certains foyers actifs malgré le confinement, pas assez de test, de masques ou de dépistage), soit un mélange des deux. La France a environ 2,8 fois plus de décès journaliers par million d’habitants que l’Allemagne et 5,2 fois plus de décès totaux par million d’habitants tandis que pour la Grande Bretagne ces rapports sont respectivement de 5,3 pour les décès journaliers et de 4,4 pour les décès totaux.

Vendredi 24/04/2020

Confirmation, dans trois articles du Monde, de ce que l’on savait déjà . C’est cependant une bonne nouvelle et on va dans la bonne direction, enfin.

Enfin! On commence enfin à faire du dépistage, mais on a trois mois de retard

Avec les équipes mobiles chargées de casser les chaînes de contagion jusqu’au sein des familles

Covisan, c’est le dispositif qu’expérimente l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) à partir de quatre sites pilotes. Lancé mercredi 15 avril à la Pitié-Salpêtrière, il est désormais également testé à Bichat (18e) et Louis-Mourier à Colombes (Hauts-de-Seine), et depuis le 22 avril à Avicenne à Bobigny. Robert-Debré (19e) et l’Hôtel-Dieu (4e) doivent le rejoindre en fin de semaine.

Si les résultats sont jugés probants, il sera étendu à l’ensemble de l’Ile-de-France et a vocation à essaimer partout dans le pays. Il préfigure une nouvelle stratégie face à la pandémie. Les mesures de distanciation sociale et de confinement ont atteint leur limite pour endiguer la progression de l’épidémie. Il s’agit désormais de casser les chaînes de transmission en identifiant et en isolant les personnes potentiellement contaminantes – et dont l’état ne nécessite pas une hospitalisation – jusqu’au sein des familles. Une façon de préparer le déconfinement du 11 mai en évitant une deuxième flambée.

« Le Monde » a suivi une équipe de la Pitié-Salpêtriêre qui intervient au domicile de personnes potentiellement contagieuses au Covid-19 pour les tester et leur proposer des solutions d’isolement.

Parfois, les équipes Covisan sont aussi confrontées à des problématiques qui les dépassent. Ils ont identifié deux clusters dans des foyers sociaux ou de travailleurs. « Il y a un problème de transmission hallucinant avec des cas positifs qui cohabitent dans une chambre avec des migrants. On n’a pas la force d’intervention », expliquent les bénévoles. Le relais a été passé à l’Agence régionale de santé et aux organisations humanitaires.

Coronavirus : avec les équipes mobiles chargées de casser les chaînes de contagion jusqu’au sein des familles

« On a eu le cas d’une famille de cinq personnes vivant dans un studio sans fenêtre, raconte Carole qui fait équipe avec Lila. Un des membres a été hospitalisé et tout le monde se repasse le virus. On a proposé d’isoler la maman mais on nous a opposé un grand “non : qui va faire à manger ?” ! On ne peut pas les forcer, c’est du volontariat. »

L’équipe doit adapter sa stratégie. Elle considère que le foyer est « condamné » et essaie désormais de « protéger l’extérieur ». Un des fils a été testé positif mais continue à travailler « plus ou moins légalement ». Le médecin traitant de la famille a été contacté pour qu’il tente de le convaincre de cesser.

« Cinq personnes dans un studio sans fenêtre »

« Idéalement, il faudrait avoir 500 équipes déployées juste sur Paris pour parvenir à casser la chaîne des transmissions et étouffer le virus », estime Jean-Sébastien Molitor. Veste kaki, jean et barbe de baroudeur, il détonne dans le centre Covisan, installé à l’entrée de la Salpêtrière. Avec l’ONG Solidarités international, M. Molitor est intervenu en Afrique sur le front Ebola et en Haïti contre le choléra. Il met aujourd’hui son expérience au service de Covisan.

« On a trois mois de retard, déplorent Hélène et Camille. Si on avait déployé cette stratégie dès le début de l’épidémie, comme l’ont fait certains pays, on aurait payé un tribut beaucoup moins lourd. Mais on manquait de masques, de gels et de tests. Et aujourd’hui, encore, on ne peut laisser que deux kits par foyer. »

« On a trois mois de retard »

Deuxième article avec une excellente nouvelle, confirmant ce que les bons spécialistes disaient:

Le soleil et la chaleur pourraient affaiblir le coronavirus

« Notre observation la plus frappante à ce jour est l’effet puissant que semble avoir la lumière du soleil pour tuer le virus, aussi bien sur des surfaces que dans l’air »

« Nous avons vu un effet similaire à la fois des températures et de l’humidité. La hausse des températures ou de l’humidité, ou des deux, est généralement moins favorable au virus. »

« Nous avons identifié quelques-uns des maillons faibles dans la chaîne de transmission du virus. Nous avons identifié que la chaleur et l’humidité étaient des éléments faibles de cette chaîne. Nous avons identifié que la lumière du soleil, les rayons UV étaient une faiblesse dans cette chaîne »

(..) une demi-vie du virus, à savoir le temps nécessaire pour réduire de moitié sa puissance, est de dix-huit heures avec une température comprise entre 21 et 24 degrés Celsius, avec 20 % d’humidité sur une surface non-poreuse.

Mais cette demi-vie est ramenée à six heures quand le taux d’humidité monte à 80 %, et seulement à deux minutes lorsque la lumière du soleil est ajoutée à l’équation. Quand le virus est suspendu dans l’air, la demi-vie est d’une heure avec une température de 21 à 24 degrés Celsius et 20 % d’humidité. Avec un même taux d’humidité, une même température, mais avec l’ajout de la lumière du soleil, cette durée tombe à une minute et demie.

De plusieurs heures, la durée de vie du virus est réduite à seulement quelques minutes en présence notamment de rayons du soleil

Troisième et dernier article qui va faire bouillonner les plus calmes. Dépistage du coronavirus : les raisons du fiasco français sur les tests

Difficultés d’approvisionnement, atermoiements du gouvernement, corporatismes et blocages réglementaires ont fait perdre de précieuses semaines au pays

Test au Covid-19 pratiqué devant la mairie du 17e arrondissement, à Paris, le 27 mars. BENOIT TESSIER / REUTERS

« Testez, testez, testez ! » Aucun conseil de lutte contre le Covid-19 n’a été moins suivi, en France, que celui énoncé le 16 mars par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’idée est pourtant simple. Dépister les personnes suspectées d’être porteuses du virus, même faiblement symptomatiques, permet de les isoler et de rompre la chaîne de transmission de la maladie.

Outre les difficultés d’approvisionnement en machines et en kits de détection sur un marché international tendu, les atermoiements du gouvernement sur le sujet, les corporatismes, la complexité de l’écheveau administratif et une série de blocages réglementaires ont fait perdre de précieuses semaines à la France dans la course au dépistage.

Difficultés d’approvisionnement, atermoiements du gouvernement, corporatismes et blocages réglementaires ont fait perdre de précieuses semaines au pays

L’une des clés du retard tient à la sous-utilisation des laboratoires publics. Comme l’ont relevé Médiapart, le 29 mars, puis Le Point le 3 avril, les laboratoires vétérinaires départementaux ont proposé, dès le 15 mars, leurs services d’analyse aux préfectures et aux agences régionales de santé (ARS). Leurs capacités sont considérables : l’Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses (Adilva) les évalue à environ 100 000 tests par semaine. Mais pendant plus de quinze jours, aucune réponse n’a été apportée par les autorités sanitaires à cette proposition.

Il a fallu attendre le 5 avril pour qu’un décret et un arrêté lèvent le verrou réglementaire : dans le contexte de la crise, les laboratoires vétérinaires et les laboratoires publics de recherche pourront être réquisitionnés par la préfecture pour rechercher le SARS-CoV-2, sous la supervision d’un laboratoire de biologie ou d’un centre hospitalier. « Il a encore fallu attendre l’agrément, par l’Institut Pasteur, des kits de détection utilisés dans ce type de laboratoires, explique Jean-Louis Hunault, président du Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV). Trois sociétés ont été agréées. La dernière l’a été le 21 avril. »

« La semaine dernière, seuls deux des quarante-neuf laboratoires vétérinaires départementaux avaient signé une convention avec un établissement de santé ou un laboratoire de biologie, pour tester des échantillons humains, dit Aurèle Valognes, présidente de l’Adilva. On sent maintenant que les choses sont en train de bouger et plusieurs conventions sont signées ou en cours de signature. Mais il y a vraiment eu du retard à l’allumage. » Au 20 avril, dix-sept laboratoires vétérinaires avaient signé des conventions.

Les laboratoires publics de l’enseignement supérieur et de la recherche se heurtent, depuis près d’un mois, aux mêmes blocages, à la même inertie. Mi-mars, les patrons des cinq principaux organismes de recherche publics (CNRS, Inserm, Inrae, CEA et Inria) offrent, eux aussi, leurs services à l’effort national. Le 22 mars, dans un courrier adressé à leurs personnels, ils appellent à une évaluation des capacités de tests de toutes les unités de recherche. « Nous avons identifié une cinquantaine de labos capables de conduire ce type d’analyses et nous estimons leur capacité cumulée à environ 100 000 tests par jour », précise-t-on au CNRS. Interrogé par Le Monde, le Cirad estime pour sa part sa capacité, pour son seul site de Montpellier, entre 1 000 et 2000 tests par jour.

Le 21 avril, selon nos informations, sur la cinquantaine de laboratoires de recherche publics identifiés, moins de cinq participaient effectivement à l’effort national de dépistage du Covid-19. « Il y a deux à trois semaines, nous avons reçu une demande de fiche de synthèse de la part de la préfecture, pour que nous estimions notre capacité de tests, explique le responsable de l’un de ces laboratoires, qui a requis l’anonymat. Depuis, nous attendons d’être contactés par l’agence régionale de santé mais il ne se passe rien. »

Un mois d’inertie et de blocages

Certaines unités, toutefois, poursuivent des travaux de recherche sur de nouvelles méthodes de détection du virus. Mais de manière générale, les chercheurs académiques interrogés par Le Monde vivent mal la mise à l’arrêt de leurs laboratoires, et aussi l’inutilité de leurs machines et de leur savoir-faire, en pleine crise sanitaire. Au Cirad, la colère est rendue plus aiguë encore par les directives strictes adressées début avril aux chercheurs : elles leur intiment de ne pas s’exprimer dans les médias sur la gestion de la crise par le gouvernement.

« Mon labo est l’un des seuls à avoir réussi à surmonter tous les obstacles administratifs pour se rendre utile dans cette crise, explique le généticien Philippe Froguel (CNRS), directeur de la plateforme de génomique Ligan, à Lille (Hauts-de-France). De toute ma carrière, je n’ai jamais été confronté à une épreuve bureaucratique aussi complexe et stressante. » Le chercheur lillois s’est manifesté dès le 12 mars, dit-il, auprès du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Lille. « Je me suis fait engueuler comme un gosse, raconte-t-il. On m’a clairement demandé de rester à ma place et de continuer à faire mes petites recherches. »

Piqué au vif, le chercheur adresse à Matignon une note explicitant la nécessité de modifier la réglementation, pour permettre aux laboratoires publics, des services vétérinaires ou de l’enseignement supérieur et la recherche, de participer au dépistage. C’est cette note qui est à l’origine des décrets et arrêté du 5 avril ouvrant le dépistage du Covid-19 aux labos publics.

Au total, il faudra au généticien lillois plus d’un mois de démarches pour que la préfecture réquisitionne son laboratoire et qu’une convention soit signée avec un laboratoire privé de la région, Synlab :

« J’agis un peu comme un sous-traitant pour Synlab, en analysant les échantillons qu’ils m’envoient. Et si j’ai fini par travailler avec le privé, c’est que la convention qu’a fini par me proposer le CHU de Lille était inacceptable : aucune clause pour prendre en charge les frais engagés par mon laboratoire, refus de fournir des masques nécessaires lors de la manipulation des échantillons, etc. »

Pour M. Froguel, le blocage tient, en partie, au fait que la réquisition des laboratoires publics est une prérogative préfectorale, alors que le pilotage du système de soin est celle des ARS. « Or ce sont deux administrations qui ne se connaissent pas », dit le chercheur. D’autres scientifiques contournent le contrôle de l’administration faute d’avoir pu signer de convention avec des hôpitaux ou des laboratoires. Avec son équipe de l’Institut du cerveau (ICM), Marie-Claude Potier, directrice de recherche au CNRS, a développé sa propre méthodologie d’échantillonnage et d’analyse : avec une capacité d’une centaine de tests par jour, l’objectif est surtout de conduire un dépistage citoyen, à petite échelle, qui commence à être mené sur les personnels de son institution. Ailleurs, ce sont des machines qui ont été transférées, depuis des labos de recherche académiques vers des centres hospitaliers.

Mal vécu par les chercheurs académiques

Dans certaines régions, les laboratoires de biologie n’ont pu conduire de tests pendant plusieurs semaines.

« En mars, certaines ARS ont interdit à de nombreux laboratoires de biologie médicale privés, en capacité de faire les tests Covid, de les réaliser, confie Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux. Finalement, ça s’est réglé grâce à nos avocats mais dans certains territoires, nous avons parfois perdu un mois avec ces histoires. Or ce temps perdu a été crucial. En arrivant plus tard sur le marché, on a plus de mal à obtenir tous les consommables dont nous avons besoin. » Les « consommables », c’est-à-dire les longs cotons-tiges (ou « écouvillons ») destinés aux prélèvements des échantillons dans le nasopharynx, les « kits » de détection nécessaires pour faire tourner les machines, etc.

Pour faire face à ces difficultés d’approvisionnement, le gouvernement a rassemblé, mi-avril, tous les acteurs publics et privés au sein d’une « Cellule tests », dont la dernière réunion s’est tenue le 21 avril. Cette cellule rassemble les besoins des laboratoires médicaux en matériel et, c’est ensuite l’Etat qui passe les commandes ainsi groupées. « Face à des acteurs qui pèsent très lourd sur les marchés, il est important que nous puissions bénéficier d’une telle force de frappe, détaille le responsable d’un laboratoire d’analyses biologiques privé. Le gouvernement se décide enfin à sortir d’une vision hospitalocentrée et à nous mettre en première ligne. » Tous les professionnels interrogés se félicitent de l’initiative du gouvernement.

Les hôpitaux ne sont cependant pas en reste : depuis fin mars, une vingtaine de machines d’analyse ont été acquises par la France à la firme chinoise MGI et sont progressivement réparties en région, dans les principaux centres hospitaliers. Elles sont théoriquement capables de réaliser quelque 2 400 tests par jour. Cependant, selon nos informations, l’installation de ces robots est souvent délicate et nécessite une main-d’œuvre importante.

Une part des laboratoires d’analyse et du monde hospitalier disposent d’automates fonctionnant en système « fermé » : ils sont captifs des kits de détection commercialisés par les fabricants de machine, principalement Roche et Abbott, à la manière des cartouches d’encre de certaines imprimantes. A l’inverse, les laboratoires vétérinaires conduisent des analyses en masse – souvent pratiquées à l’échelle d’un troupeau ou d’une exploitation – sur des systèmes « ouverts », moins vulnérables aux effets de pénuries. Les enjeux sanitaires même les plus cruciaux sont aussi soumis à des choix économiques.

Remboursement tardif

Décès par million habitants France

Décès covid19 par million habitants en France

La dispersion chaotique des points de données depuis le 04/04/2020, jour où les données de décès Ehpad ont été rajoutés, semble maintenant avoir été remplacée par une résistance aux environ de huit décès par million d’habitants et par jour.

Mercredi 22/04/2020

Quatre pays à efficacité comparable

Décès par millions habitants Autriche Canada Allemagne Danemark

Ces quatre pays n’ont jamais eu plus de cinq décès par jour et par million d’habitants et ont une efficacité comparable dans la lutte contre le covid19. Ils sont à divers degrés de la phase décroissante. Le dernier point pour chaque pays est souligné en jaune. Le choix s’est simplement fait dans l’ordre du tableau de données et je me suis arrêté à quatre pour ne pas surcharger le graphique.

Quatre pays moins efficaces

Covid19: Belgique Suisse Espagne France

Ce deuxième groupe de quatre pays (dans l’ordre de ma base de données) offre une large plage d’efficacités allant de moins de 10 décès maximum journalier par million d’habitants pour la Suisse à plus de 40 pour la Belgique en passant par un maximum de 20 pour l’Espagne et de 30 pour la France. Le tout dernier point de données est souligné en jaune.

Mardi 21/04/2020

France-Allemagne

Évolution comparée des décès journaliers par million d’habitants France-Allemagne

Voici une comparaison France (losanges bleus)-Allemagne (carrés rouges) de l’évolution des décès journaliers par million d’habitants. Chaque point représente un jour de données (décès totaux en abscisse et décès journaliers en ordonnée). On voit graphiquement que si les tous premiers débuts d’épidémie ont été très similaires, la croissance des décès journaliers a été plus rapidement et plus efficacement maitrisée en Allemagne. Il y a environ six fois moins de décès du covid19 en Allemagne qu’en France.

Test more as restrictions ease. Germany’s success has also been its mass testing, but its well-resourced universal healthcare system has played a major role too, according to Martin Stürmer, a virologist who heads IMD Labor in Frankfurt, one of the labs conducting tests. Germany has also drawn in the private sector to make sure enough tests are carried out. »From the beginning, Germany didn’t stick to one or two or three central labs doing all the tests. Many private companies were involved, so we’ve been able to do 100,000 tests a day, » Stürmer told CNN. »There are some countries that have done it even better than Germany, in controlling infections, but what’s quite important is broad testing, where we were able to see what was happening in our population. Only with mass testing can you identify people who might be infected. »

Article CNN du 16/04/2020

Like Taiwan, South Korea and Iceland, Germany devised a test for the coronavirus and prepared a large number of kits early, well before the country even reported its first death. As German Chancellor Angela Merkel announced Wednesday that the country would begin gradually scaling back its lockdown, the country is planning on carrying out even more tests, in case the increased contact leads to a second wave of infections. Like many countries, it will also test for antibodies to try and determine who among the community may be immune to the virus. Germany’s death toll has remained relatively low in part because the coronavirus trickled into the country mostly in young people. Many had been visiting Italy or Austria on ski trips. Authorities were able to test people returning to Germany from these ski resorts and trace their contacts for testing too.

Article CNN du 16/04/2020

Build capacity at hospitals: Germany ranks 18th in the world in terms of access to quality healthcare, according to an index published by The Lancet, sitting above the UK at 23rd and the US at 29th. But these indices only tell us so much. Italy, for example, ranks ninth and the country also carried out rigorous testing, yet it has recorded the second-highest number of deaths per capita in the world, after Spain. In this situation, the difference appears to be the German healthcare system’s huge capacity. Germany is projected to need about 12,000 beds at the peak of this outbreak in the middle of the month, according to projections from the Institute for Health Metrics and Evaluation. It has over 147,000, more than 10 times its need. In contrast, the US has around 94,000 beds, some 15,000 beds short of its need. Germany has more spare beds in intensive care units that Italy has altogether. In fact, Germany’s health system has such a large capacity, its hospitals are now treating people for coronavirus from Italy, Spain and France. Authorities have been able to get people with even moderate symptoms to hospital well before their conditions deteriorate, leading some experts to consider whether treating people early, getting them on ventilators before their condition worsens, for example, improves their chances for survival. »Germany is not in a situation where the healthcare system is overloaded, like you see in Italy, where they need to decide whether to treat a patient or not. We don’t have that, » Stürmer said.

Article CNN du 16/04/2020

C’est une habitude facilement explicable par la proximité et l’histoire : les Français ont coutume d’apprécier les performances de leur pays à l’aune de celles de l’Allemagne. La gestion comparée de la pandémie de Covid-19 et les répercussions de la crise sur les deux populations n’échappent pas à cette propension. Or le rapprochement des données enregistrées des deux côtés du Rhin révèle un abîme. Sanitaire d’abord : le coronavirus a causé la mort de près de 20 000 personnes en France contre 4 500 en Allemagne, pays pourtant plus peuplé (83 millions d’habitants contre 65). Fossé politique ensuite : 60 % des Allemands font confiance à leur exécutif, contre 34 % des Français, selon le baromètre OpinionWay-Cevipof.

Éditorial Le Monde. Coronavirus : tirer les leçons de l’exemple allemand

La brutalité des chiffres masque des réalités complexes, tant du point de vue des institutions que du moment politique. Tandis que la chancelière Angela Merkel a abordé la crise sanitaire en position de force (majorité d’opinions favorables confortée par quinze années au pouvoir), le président Macron, lui, la subit, affaibli par le mouvement des « gilets jaunes » et la contestation de sa réforme des retraites. Mais le mode de gestion des deux dirigeants peut aussi expliquer le différentiel de confiance. A la rhétorique martiale et au confinement autoritaire choisis par Emmanuel Macron répond le style plus pragmatique et moins grandiloquent d’une Angela Merkel qui sait jouer de ses intonations maternelles comme de l’autorité que lui donne sa formation scientifique.

Éditorial Le Monde. Coronavirus : tirer les leçons de l’exemple allemand

L’Allemagne partait pourtant avec des handicaps. Annonce présidentielle à 20 heures dont les ministres apprennent en partie la teneur en même temps que les Français d’un côté, conférence de presse tenue après quatre heures de concertation avec les dirigeants des Länder allemands de l’autre. La différence réside peu dans la nature des mesures annoncées, finalement assez proches, et elle ne se limite pas au style personnel. La pratique des institutions suppose le consensus en Allemagne ; elle incite plutôt à la confrontation en France.

Éditorial Le Monde. Coronavirus : tirer les leçons de l’exemple allemand

Le bilan plus lourd du Covid-19 en France pèse aussi probablement dans la défiance persistante à l’égard d’Emmanuel Macron. L’Allemagne partait pourtant avec des handicaps quand le virus a commencé à frapper l’Europe : une population âgée et des contacts intenses avec la Chine. A l’inverse, le fait d’être frappée plus tard que ses voisins, la jeunesse et la bonne santé des premières personnes contaminées, skieurs de retour d’Italie ou fêtards de carnaval, pesaient favorablement. Mais le pays a surtout su déployer très rapidement des tests qui ont permis de détecter et d’isoler les personnes contagieuses y compris asymptomatiques. Avec des dépenses de santé comparables à la France, mais deux fois plus de lits de réanimation et une souplesse liée aux structures fédérales, l’exemple allemand pose aussi des questions sur la bureaucratie et la centralisation du système français.

Éditorial Le Monde. Coronavirus : tirer les leçons de l’exemple allemand

France-Italie

Évolution comparée des décès journaliers par million d’habitants France-Italie

L’évolution des décès journaliers dû au covid19 est comparable avec deux grosses différences. En France, la prise en compte tardive des décès non-hospitaliers (Ehpad essentiellement) a introduit une phase chaotique avec de fortes variations d’un jour à l’autre. En Italie, on a environ 28% de plus de décès par million d’habitants.

France-Grande Bretagne

Évolution comparée des décès journaliers par million d’habitants France-Grande Bretagne

L’évolution des décès journaliers dû au covid19 est comparable avec deux grosses différences. Tout d’abord, la Grande-Bretagne n’a jamais eu de phase chaotique. Et ensuite, les chiffres de décès par million d’habitants sont 78% des chiffres français.

Les quatre pays ensemble

Décès par million d’habitants Allemagne-Grande-Bretagne-France-Italie

Je met maintenant les quatre pays ensemble. On voit très clairement que l’Allemagne a de loin les meilleurs résultats, suivie de la Grande-Bretagne puis la France et l’Italie en dernier. Les quatre pays sont en phase décroissante et la France est de loin le pays le moins régulier dans cette décroissance. Est-ce seulement une question de désorganisation du système de collecte d’information sur les décès? Les trois autres pays n’ont visiblement pas ce problème. En cas de crise/guerre on doit être préparés et agir vite dans l’intérêt général avec des informations incomplètes. L’Allemagne est de loin le pays européen qui se débrouille le mieux dans cette crise.

Lundi 20/04/2020

Huit questions que le Covid-19 pose aux immunologistes

20 avril 2020 Par Nicolas Chevassus-au-Louis. La lutte contre le Covid-19 est d’abord et avant tout une question médicale. Mais le virus pose aussi des questions de fond aux chercheurs en immunologie. Des questions auxquelles il n’y a aujourd’hui aucune réponse, dans l’attente des résultats des travaux de la recherche.

(Lire l’article Mediapart)

  • 1) Pourquoi l’infection s’emballe-t-elle parfois au bout d’une dizaine de jours ?
  • 2) Pourquoi l’infection par le Covid-19 est-elle souvent plus grave chez les hommes que chez les femmes ?
  • 3) Pourquoi les personnes obèses sont-elles surreprésentées parmi les victimes du virus ?
  • 4) Pourquoi les symptômes de l’infection sont-ils si différents d’une personne à l’autre ?
  • 5) Pourquoi l’infection par le Covid-19 est-elle, en général, presque sans gravité chez les enfants ?
  • 6) En cas de guérison, comment et combien de temps fonctionne la mémoire immunitaire ?
  • 7) Combien de personnes sont-elles aujourd’hui immunisées contre le Covid-19 ?
  • 8) Comment moduler l’action du système immunitaire pour soigner les patients infectés ?

Que sait-on du coronavirus? Florence Ader, l’infectiologue, fait le point

image: Coromicroscop – Burlingue (Xavier Bureau)

lire l’article Huffpost

Un témoignage de mort en Ehpad.

Le mercredi 15 avril 2020, le médecin de garde de l’EHPAD où demeure ma mère, Denise Weisser, âgée de 83 ans, situé à Bantzenheim dans le Haut-Rhin m’a appelé à 10h30 pour me dire que ma maman avait contracté le virus du Covid-19. Elle avait été auscultée vers 5h30 du matin, avec les symptômes d’une fièvre à 38° et une toux persistante. (lire la suite)

Covid-19, EHPAD, Haut-Rhin, 15 avril 2020: comment ma mère a été emportée en un jour. 19 avr. 2020 Par Lucefrancoeur Blog : Le blog de Lucefrancoeur

On vient sans ordonnance et ça prend une minute !

À Marseille, un second site de dépistage du Covid-19 ouvert dans les quartiers nord. Cette antenne délocalisée permettra de vérifier qu’il n’existe pas de « cluster » de coronavirus Covid-19 dans les arrondissements pauvres de la ville, conformément aux préconisations du Pr Raoult, que la cité phocéenne a décidé d’appliquer

Les enfants transmettraient peu le virus

Selon une étude sur le « cluster » des Contamines-Montjoie. Les chercheurs ont étudié le cas d’un enfant qui n’a contaminé personne en Haute-Savoie, alors qu’il a été en contact avec 172 personnes. Ce qui « laisse à penser que les enfants pourraient ne pas être une source importante de transmission » du Covid-19.

On aura besoin de deux types de tests

Coronavirus : « On aura besoin de deux types de tests » pour un déconfinement « responsable », estime un spécialiste en immunologie. Selon le professeur Michel Goldman, pour « développer des stratégies de déconfinement responsables », il faudra des tests pour dépister les porteurs du virus et d’autres pour détecter les anticorps.

Données ECDC France

France

Après 15 jours chaotiques, on a enfin percé le plancher qui s’était formé vers 500 décès/jour pour les données incluant les décès hors système hospitalier, mais n’oublions pas que ces données ECDC sont en fait collectées la veille et que la collecte de données dans les Ehpad est dans certains cas reportée au lundi. Il faudra attendre les jours suivants pour savoir si la tendance décroissance l’a emporté sur la tendance chaos. Ce n’est encore qu’un espoir de bonne nouvelle.

Données ECDC sur 31 pays

Mortalité covid19 sur 31 pays

Ce tableau sur 31 pays montre des records malheureux pour Saint-Marin (micro-état enclavé dans la péninsule italienne) pour le nombre total de décès covid19 par million d’habitants et pour la Belgique pour le nombre journalier de décès par million d’habitants.

Silver lining

Silver lining. C’est l’expression de langue anglaise qui désigne les reflets argentés splendides d’un énorme nuage menaçant qui s’approche. Je vous propose de faire avec moi la liste de vos espoirs/souhaits de changements positifs pour la période post-pandémie. Vous exprimez ces espoirs/souhaits, un à la fois, et vous expliquez le mécanisme possible qui le fera venir et moi je mets tout cela dans un document commun.

Mon idée est de faire du brainstorming. De mettre dans la liste nos rêves les plus fous, sans retenue de réalisme mais avec un fil de causalité, aussi ténu soit-il, les reliant à la pandémie actuelle. Nous avons du temps, alors rêvons à voix haute.

Oh, by the way, une règle de base du brainstorming est de ne pas critiquer les idées folles des autres, mais éventuellement de s’en servir pour en proposer d’encore plus folles! Cela libère la créativité du groupe.

N’ayez pas peur de rêves que vous pensez ridicules ou utopiques, personne ne vous critiquera.

Voici des tribunes pour vous inspirer

Thomas Piketty : « Après la crise, le temps de la monnaie verte »

L’arrêt économique devrait être mis à profit pour réfléchir à une relance par des investissements dans des secteurs comme la santé et l’environnement, avec une réduction des activités les plus carbonées, estime l’économiste Thomas Piketty dans sa chronique.

Vincent Lindon

Comment ce pays si riche ..

Comment ce pays si riche…

Traversé par le flot incessant des commentaires, désorienté par l’addition d’analyses souvent contradictoires, j’ai tenté de réfléchir à la question la plus banale : mais comment avons-nous pu en arriver là ? À cette situation inédite, littéralement stupéfiante.

Spécialiste en rien, intéressé par tout, il m’a paru pourtant utile de contribuer en faisant entendre une voix simplement citoyenne. Suis-je légitime pour interpeller nos dirigeants, tous professionnels de la chose publique, tous diplômés des meilleures écoles ? Pas plus qu’un autre sans doute, mais pas moins non plus, ayant pris soin de consulter nombre d’avis autorisés, notamment dans le domaine de la santé, où André Grimaldi [professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière – ndlr] m’a apporté son éclairage.

Comment ce pays si riche, la France, sixième économie du monde, a-t-il pu désosser ses hôpitaux jusqu’à devoir, pour éviter l’engorgement des services de réanimation, se résigner à se voir acculé à cette seule solution, utile certes, mais moyenâgeuse, le confinement ? Nous qui, au début des années 2000 encore, pouvions nous enorgueillir d’avoir le meilleur système de santé du monde.

C’était avant.

Avant que s’impose la folle idée que la santé devait être rentable, puisque tout désormais devait être marchandise, jusqu’à la vie des hommes.

Un espoir s’était pourtant levé avec le nouveau chef de l’État Emmanuel Macron, et son programme promettant un « investissement massif dans le système de santé ». Hélas, l’élection acquise, il préféra poursuivre l’action de ses prédécesseurs. S’il n’est donc que le dernier avatar d’une même politique, il porte pourtant une responsabilité particulière, pour avoir ignoré tous les signaux d’alerte.

Douze mois de grève des urgences ? Les patients patienteront.

1 200 chefs de service démissionnent de leurs fonctions administratives ? Moins de paperasse.

Présence massive des soignants dans toutes les manifestations ? Sortez les LBD et les grenades de désencerclement…

Au-delà de la santé, c’est l’ensemble du secteur public qui subit depuis des décennies les coups de boutoir des présidents qui se succèdent avec toujours la même obsession : réduire la place de l’État dans l’économie. La recette est simple : privations pour ce qui coûte (l’éducation, la justice, la police, l’armée, la santé…) et privatisations pour ce qui rapporte.

Tandis que les budgets des ministères régaliens sont comprimés et les salaires de leurs fonctionnaires bloqués, la grande braderie est ouverte. Villepin solde les autoroutes, Nicolas Sarkozy fait absorber Gaz de France par un groupe privé, Suez, et enfin François Hollande, sous la férule de Macron, démembre Alstom pour le plus grand profit de l’américain General Electric.

Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron, la fête continue. Deux entreprises publiques, la Française des jeux (FDJ) et Aéroports de Paris (AdP), sont très rentables ? Vendez-les !

Pour comprendre l’attachement aveugle de notre président à cette ligne idéologique, il est nécessaire de revenir sur trois années d’exercice de son pouvoir, que notre Constitution a voulu absolu.

Qu’en retenir ?

Dès les premiers jours, une évidence : le goût du nouveau président pour la pompe et les rites de la monarchie, se mettant régulièrement en scène dans les décors de la royauté ; ainsi a-t-il choisi le palais du Louvre pour son intronisation, marchant seul devant la pyramide, le château de Versailles pour recevoir Vladimir Poutine, l’empereur du Japon ou 150 millionnaires high-tech et, enfin, celui de Chambord pour célébrer son 40e anniversaire.

Une prédilection annoncée par des déclarations antérieures – en 2015, il affirmait déjà : « Dans la politique française, l’absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort » – et confirmée jusque dans son programme, qui prévoyait de rétablir les chasses présidentielles. Ce qui n’a rien d’un détail.

L’ego comblé, le jeune homme allait pouvoir s’attaquer à son grand œuvre : bâtir cette « start-up nation » où les « premiers de cordée » allaient tirer vers les cimes ces « Gaulois réfractaires ». Au pas de charge : suppression de l’ISF et allègement de l’impôt sur les profits financiers pour les uns, réformes restrictives du droit du travail ou des allocations chômage et baisse des APL pour les autres. Cinq euros en moins sur les APL ! Mais qu’est-ce qui peut bien passer par la tête d’un dirigeant pour accoucher d’une aussi mauvaise idée ? La brume des sommets obscurcit-elle le jugement au point de lui faire oublier le poids des symboles ? C’était donc ça le « en même temps » macronien, des offrandes pour ceux qui n’ont besoin de rien, des sacrifices pour ceux qui ont besoin de tout ?

Mais c’est le premier été du quinquennat, et tout semble encore permis au conquérant de l’Élysée. Malgré quelques protestations, le nouveau monde impose ses lois grâce au soutien de sa majorité obéissante et reconnaissante.

Premier grain de sable à l’été 2018, l’affaire Benalla et son traitement rocambolesque, qui jette une lumière crue sur la conception et les pratiques du pouvoir.

Avec l’automne, un vent se lève, une révolte inattendue et pourtant évidente : des femmes et des hommes en jaune envahissent les ronds-points et les Champs-Élysées, naturellement accompagnés par une très faible minorité qui prétexte le port de la chasuble pour casser plutôt que pour revendiquer, une revendication légitime qui emporte l’adhésion de l’opinion, contraignant le gouvernement à un repli tactique : 10 milliards jetés à la hâte pour tenter d’éteindre la colère sociale.

Trop tard. Les sacrifiés de la mondialisation ultralibérale veulent plus. Plus de moyens, certes, mais aussi plus de pouvoirs, notamment celui de contrôler ceux dont la mission est de les représenter.

Après la carotte, vient le temps du bâton. Une répression brutale, policière, avec mains arrachées et manifestants éborgnés, mais aussi judiciaire, avec une distribution massive de condamnations fermes. Pendant que les pouvoirs exécutif et judiciaire répriment, les législateurs ferraillent pour imposer une réforme des retraites dont une majorité des Français ne veut pas.

Occupés à bâtir leur nouveau monde, les responsables n’accordent qu’une attention distraite à un virus agressif qui, parti de Chine, va très vite ravager la planète et envahir la totalité de l’espace politique, donnant à nos gouvernants l’occasion de montrer l’étendue de leur compétence.

Dans les hôpitaux, la situation est dramatique. On manque de tout, de masques, de gel, de tests, de respirateurs, de lits et de personnels en réanimation. Le 29 février, après que le Covid-19 a fait ses premières victimes en France, Édouard Philippe convoque un conseil des ministres extraordinaire consacré au virus. Une grande décision en ressort : utiliser le 49-3 pour faire adopter la réforme des retraites !

Alors que l’épidémie progresse, se faisant pandémie, le pouvoir s’affole, s’agite comme un poulet sans tête. Sur quoi s’interroge l’exécutif aux premiers jours de mars ? Mais sur le maintien des municipales, bien sûr ! La veille du premier tour, le premier ministre joue les contorsionnistes, invitant les Français à rester chez eux, mais, en même temps, à aller voter. Chapeau l’artiste !

Pendant que nos voisins allemands se mettent en ordre de bataille, le gouvernement français peaufine sa communication.

Une seule stratégie, mentir.

Relayant le discours présidentiel, l’équipe gouvernementale multiplie les déclarations absurdes et contradictoires. Ainsi affirme-t-on successivement qu’il ne s’agit que d’une « grippette », que l’épidémie, comme le nuage de Tchernobyl, ne touchera pas la France – alors même qu’à notre frontière sud, l’Italie est frappée –, puis qu’elle est « sous contrôle », avant de devoir avouer la gravité de la situation.

Sur la question cruciale des masques de protection, la parole officielle est schizophrène : aux premiers temps, leur utilité est affirmée. D’ailleurs, il y en a des millions en stock, prêts à être distribués à la population en cas de besoin. La menace virale se précisant, les masques sont soudain déclarés inutiles, voire dangereux puisqu’on ne sait pas s’en servir. Ce qui est fort opportun, puisque les stocks se sont volatilisés.

Pschitt…

Plus de masques.

Pas même de quoi équiper tous les soignants qui doivent monter au front armés de leur seul courage. Bon, d’accord, pas de masques, mais ils arrivent. Quand ? Mais demain, bien sûr ! Hélas, les jours et les semaines passent, la pénurie persiste. Ignorés, méprisés et matraqués quelques semaines plus tôt, les soignants sont désormais portés aux nues.

Pour le commun des Français, le confinement est la règle, chômage technique pour les uns, télétravail pour les autres. Tous les Français ? Non. Pour les caissières, les livreurs, les éboueurs, les policiers ou les pompiers, l’activité doit se poursuivre, quels que soient les périls. Eux qui formaient le gros des bataillons en gilet jaune, naguère vilipendés, sont désormais officiellement essentiels. Exit les premiers de cordée, place aux premiers de corvée.

Le 23 avril, dans une adresse solennelle à la nation, le président Macron annonce enfin le déconfinement pour le 11 mai. Pourquoi le 11 plutôt que le 5 ? Pourquoi mai plutôt que juin ? Parce que.

Deux semaines plus tard, le premier ministre en dévoile les conditions. Acte 1 : réouverture des crèches et des écoles primaires. Curieux puisqu’elles avaient été les premières à être fermées, avant même le début du confinement, au motif qu’elles étaient un lieu hautement favorable à la propagation du virus… Évidemment économique – il s’agit bien sûr de libérer les parents de l’obligation de garder leurs jeunes enfants, pour leur permettre de reprendre le travail –, la véritable raison de ce choix sera passée sous silence, voire niée, alors même qu’elle est audible : vouloir éviter l’effondrement total de l’activité et son cortège de drames est après tout une motivation hautement respectable.

Empêtré dans ses mensonges et ses omissions, le pourvoir tergiverse. Très vite, le discours s’infléchit : l’obligation de retourner en classe ne s’appliquera pas systématiquement. Les maires, les préfets pourront décider, ou non, de s’y conformer.

Mieux, les parents seront libres de garder leurs enfants à la maison. Dans les milieux favorisés, on n’hésitera guère. Mais dans les milieux plus modestes, le dilemme est cornélien. Alors que le chômage enfle, dois-je exposer mon enfant au risque de tomber malade, ou accepter l’éventualité de perdre mon emploi ? Et si les parents sont d’avis contraires, le couple pourra-t-il résister, notamment si les choses tournent mal ? Questions sans réponses…

Une bonne nouvelle, pourtant : les masques arrivent. Des masques en tissu, lavables et réutilisables. Efficaces ? « Oui, dit le Pr Grimaldi, contre la transmission du virus. Mais comme ils n’empêchent pas le porteur d’être infecté lui-même, la mesure ne vaut que si elle s’impose à tous, dans l’espace public au moins. » Prisonnier de son discours récent, le gouvernement ne peut se résoudre à rendre obligatoires partout ces masques qu’hier encore il déclarait inutiles. « Pourtant, ajoute le Pr Grimaldi, on a le droit de se tromper, mais le devoir de reconnaître ses erreurs. »

Au rythme où s’enchaînent les événements, ce droit à l’erreur pourrait bien m’être utile, mes propos risquant de devenir rapidement caducs, tant les stratégies gouvernementales oscillent, sinon à la vitesse de la lumière, au moins à celle où se propage le virus.

En termes de gestion et de communication de crise, je ne sais pas qui aurait pu faire mieux, mais je ne vois pas qui aurait pu faire pire.

En mettant au jour ses insuffisances, cette crise pourrait-elle être l’occasion d’une refonte radicale de notre démocratie ? Dans un discours célèbre, Churchill affirmait que c’était là « le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ». Mais, ajoutait-il aussitôt, « la démocratie n’est pas un lieu où on obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu’on veut ».

Si l’on s’accorde pour ne pas changer de système, alors il faut changer LE système.

Mais l’urgence est ailleurs. Déjà insupportables, les inégalités ont explosé avec la pandémie. Confinés dans des logements exigus ou contraints d’affronter les périls, les plus fragiles vivent des jours terriblement difficiles. Et leurs lendemains ne chantent pas. Après la crise sanitaire, ils seront sûrement les premières victimes de l’inévitable catastrophe économique et sociale.

Que faire ?

L’État ne pouvant pas tout, il me paraît impératif d’innover. Comment ? En demandant aux plus grosses fortunes une solidarité envers les plus démunis. Cette idée, juste et légitime, pourrait prendre la forme d’une contribution exceptionnelle, baptisée « Jean Valjean », conçue comme une forme d’assistance à personnes en danger, financée par les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros, sans acrobaties, à travers une taxe progressive de 1 % à 5 %, avec une franchise pour les premiers 10 millions d’euros.

À période exceptionnelle, contribution exceptionnelle. Même si j’applaudirais évidemment tout amendement visant à pérenniser cet effort de réduction des inégalités. Après tout, une fois peut devenir coutume.

D’après les économistes que j’ai pris soin de consulter, cette contribution devrait représenter environ 36 à 37 milliards d’euros, qui seront distribués aux quelque 21,4 millions de foyers trop pauvres pour être assujettis à l’impôt sur le revenu.

Compte tenu de l’urgence, l’État assurerait la trésorerie et abonderait marginalement la collecte, leur distribuant sans délai et sans prélèvement, la somme de 2 000 €, à charge pour lui de recouvrer ultérieurement le produit de la contribution « Jean Valjean ».

Même si je ne doute pas un instant que les plus riches de nos concitoyens se réjouiront de l’occasion ainsi offerte de montrer leur patriotisme et leur générosité, il me paraît prudent que les législateurs mettent en place des sanctions suffisamment dissuasives pour décourager les improbables mauvaises volontés. Je pense ici, surtout, à nos compatriotes domiciliés fiscalement à l’étranger, évidemment conviés à manifester leur solidarité.

Mon rôle n’est évidemment pas d’entrer dans le détail de ces sanctions. Je voudrais néanmoins en proposer une, essentiellement symbolique – car je crois, moi, à la force du symbole : alléger les réfractaires de leurs pesantes décorations (Ordre du mérite ou Légion d’honneur, par exemple) pour leur permettre de gambader librement dans les couloirs des hôpitaux étrangers, voire français, où ils seraient évidemment les bienvenus après avoir refusé de financer notre système de santé national et plus généralement notre service public. En un mot, leur pays.

Bien sûr, je sais que ces précautions seront sans nul doute inutiles, tous ces privilégiés étant bien conscients de ce qu’ils doivent au pays qui les a formés et souvent enrichis. Mais la confiance n’excluant pas la prudence, de telles dispositions ne sauraient nuire.

Après cette mesure d’urgence, il sera temps de nous pencher sur les moyens de réparer notre démocratie. Comment ? On pourra s’étonner que je me pose la question et plus encore que j’essaie d’y répondre. Alors, sans prétendre détenir des solutions – j’ai gardé le sens du ridicule –, je me risque à évoquer quelques pistes de réflexion.

Instituer des contre-pouvoirs. La Constitution de la Ve République avait été taillée sur mesure pour le général de Gaulle. Un costume bien trop grand pour ses récents successeurs. D’autant que, depuis l’instauration du quinquennat, le président dispose toujours, et pendant toute la durée de son mandat, d’une franche majorité au Parlement. Élue en même temps que lui, grâce à lui et sur son programme, l’Assemblée nationale a logiquement la même couleur que l’Élysée et le législatif n’a donc pas vocation à s’opposer à l’exécutif.

Quant au pouvoir judiciaire, son indépendance n’est que théorique, tant il est simple de le contrôler par le jeu des nominations et des promotions. Depuis Montesquieu, qui a théorisé la séparation des pouvoirs (il n’en connaissait que trois, lui), un quatrième s’est imposé : la presse. Problème : neuf milliardaires en possèdent l’immense majorité, on ne s’étonnera donc pas que l’intérêt des puissants soit ménagé dans le traitement de l’information. Impuissante politiquement, la contestation s’exprime là où elle le peut encore, dans la rue et dans les sondages d’opinion.

Responsabiliser les élus. Les élus devront être comptables de leur action devant le peuple dont ils ont obtenu la confiance. Une élection, c’est quoi ? C’est l’histoire d’un mec qui arrive et qui dit : « Faites-moi confiance, voilà ce que je vais faire », et qui, une fois élu, ne le fait pas. À la place, il fait autre chose ou rien. Eh bien non, ça ne peut plus marcher comme ça. En cas de défaillance, il est nécessaire qu’ils puissent être démis de leur fonctions, démocratiquement, c’est-à-dire si une fraction de citoyens le propose et si une majorité d’électeurs l’exige.

Insistons : cette mesure doit s’appliquer à tous les élus, jusqu’au président de la République, qui, en France, ne peut être démis par personne en cours de mandat, ni même être jugé depuis la scandaleuse décision du Conseil constitutionnel sous la présidence du douteux Roland Dumas.

Sanctionner sévèrement les dérives, pour interdire l’alliance mortifère entre les copains et les coquins. Depuis des décennies, aucun élu, même le plus corrompu, ne craint les rigueurs de la loi. Il y a à cela une excellente raison : la prison, c’est pour les autres. Eux pourront toujours solliciter les meilleurs avocats et multiplier les procédures des décennies durant, jusqu’au moment où les juger n’aura plus aucun sens.

D’où une proposition en trois points :

Rendre passible de longues années de prison ferme tout acte de corruption avérée d’un élu. Parce qu’elle menace dangereusement la démocratie, en décourageant le vote notamment, la corruption politique me paraît un crime plus grave qu’un braquage de banque. Excessif ? Je ne pense pas. Enfant, je me souviens que, sur les billets de banque, il était inscrit que « la fabrication de fausse monnaie [était] passible des travaux forcés à perpétuité ». Pas une goutte de sang versée, pourtant, mais une atteinte criminelle au bien commun.

Définir des couloirs judiciaires dédiés, pour éviter qu’on ne juge que des cadavres. L’ensemble des procédures, appel et cassation compris, devra être bouclé dans les 12 mois suivant l’ouverture de l’instruction.

Augmenter fortement la rémunération des hommes et des femmes qui choisiront de servir la collectivité avec compétence, zèle et intégrité. Pourquoi ? Pour avoir les meilleurs. Pour leur éviter la tentation. Et pour rendre inexcusable qu’ils y cèdent.

Constitutionnelles, électorales ou judiciaires, ces propositions de réforme peuvent apparaître éloignées des préoccupations immédiates, en ces temps troublés surtout.

Je les crois pourtant essentielles. Même si elles ne résolvent pas l’ensemble des problèmes auxquels notre époque est confrontée, elles m’apparaissent nécessaires pour rétablir l’indispensable confiance du peuple en ses représentants, enfin comptables de leurs promesses comme de leur action, et responsables de leurs erreurs.

Thomas Piketty

S’inspirer des leçons de l’Histoire

Thomas Piketty, économiste : « Il faut rétablir l’Impôt sur la fortune ». Au-delà d’un rétablissement de l’ISF, l’économiste Thomas Piketty juge qu’il faut s’inspirer des « leçons » de l’Histoire et taxer les hauts patrimoines privés, « comme en Allemagne ou au Japon après la Seconde guerre mondiale » pour surmonter la hausse de l’endettement public.

« Oui, il faut rétablir l’Impôt sur la fortune. »

« Oui, il faut rétablir l’Impôt sur la fortune. » Pour se relever de la crise économique, Thomas Piketty estime qu’il faut surtout « que les revenus de ceux qui vont consommer ne s’effondrent pas ». « Je ne vois pas les Français comprendre qu’on finance des cadeaux fiscaux qui dépassent cinq milliards d’euros par an, les maintenir alors qu’on dit qu’il faut réinvestir dans les services publics, ça me paraît incompréhensible », a-t-il estimé, invité lundi matin de France Inter. « L’économie ne fonctionne pas avec des super milliardaires mais avec des petits, de petites entreprises. On parle de personnes à qui on a fait payer toujours plus de TVA, de CSG. Il faut rétablir l’ISF, avec un rendement beaucoup plus important, qui pourrait rapporter 10 milliards par an. »

« Oui, il faut rétablir l’Impôt sur la fortune. »

Si la crise sanitaire est inédite, l’Histoire peut nous éclairer sur le plan économique juge Thomas Piketty. « Il y a beaucoup de leçons historiques. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a différentes façons de s’en sortir. Après la Seconde guerre mondiale, de nombreux pays notamment l’Allemagne et le Japon, ont mis en place des systèmes d’imposition sur les plus hauts patrimoines privés, jusqu’à 80-90% de ponction. Ça a pu réduire très vite l’endettement public, qui était encore plus élevé que ce qu’on l’est aujourd’hui. (…) Il ne faut pas faire exactement la même chose mais reprendre ces leçons de l’histoire », a estimé l’économiste. 

Taxer les hauts patrimoines privés ?

Muhammad Yunus

Muhammad Yunus : « La crise du coronavirus nous ouvre des horizons illimités pour tout reprendre à zéro »

L’économiste et Prix Nobel de la paix 2006 appelle, dans une tribune au « Monde », à repenser le monde de l’après. Pour lui, la reconstruction doit être sociale et écologique, pour éviter une catastrophe qui pourrait être bien pire que l’actuelle.

Publié 05/05/2020 à 05h45, mis à jour à 14h08

Muhammad Yunus est Prix Nobel de la paix 2006. Il a fondé, en 1976, la première institution de microcrédit, la Grameen Bank.

Tribune. Si l’épidémie de Covid-19 est en train d’infliger à notre monde des dégâts considérables, c’est également une occasion unique qui se présente à nous. Le monde entier doit répondre à une question décisive : faut-il revenir au monde tel qu’il était avant l’arrivée du coronavirus ? Ou bien le repenser ? La décision nous appartient.

Inutile de le rappeler, le monde d’avant le coronavirus nous était néfaste. Avant qu’il accapare toute l’attention médiatique, l’humanité se préparait à une avalanche de tragédies. La catastrophe climatique allait rendre la planète impropre à la vie humaine, le compte à rebours avait commencé ; l’intelligence artificielle nous conduisait tout droit vers le chômage de masse ; la concentration des richesses atteignait des niveaux explosifs. La décennie qui venait de commencer était celle de la dernière chance, nous ne cessions de nous le répéter. Après elle, tous nos efforts n’auraient eu que des effets dérisoires, insuffisants pour sauver la planète. Est-ce là le monde auquel nous voulons revenir ? C’est un choix qui ne dépend que de nous.

La pandémie a brutalement changé la donne. Elle ouvre des horizons formidables et jusque-là insoupçonnés. Nous pouvons prendre toutes les directions. Quelle incroyable liberté de choix ! Avant de la relancer, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur l’économie à laquelle nous aspirons. Nous devons avant tout convenir que l’économie n’est qu’un moyen, celui d’atteindre des objectifs que nous nous fixons. Elle n’a pas à agir tel un piège mortel conçu par quelque puissance divine pour nous punir. A aucun moment, nous ne devons oublier qu’elle n’est qu’un outil de notre propre création. Un outil que nous devons penser et repenser sans cesse jusqu’à ce qu’il nous conduise au plus grand bien-être commun possible.

Dès lors que cet outil, l’économie, ne nous conduit pas là où nous souhaitons aller, c’est qu’il y a quelque chose dans le matériel, ou dans le logiciel, qui fonctionne mal. Nous devons alors y remédier et réparer l’outil. Peut-on accepter d’entendre : « Ah pardon, nous n’atteignons pas nos objectifs, mais c’est que le matériel et le logiciel ne sont pas faits pour » ? Non, et c’est même une excuse pathétique. Nous voulons une planète à « zéro émission nette » ? A nous de concevoir le matériel et le logiciel pour cela. Nous aspirons à un monde sans chômage ? Idem. La fin de la concentration des richesses ? Pareil. Il s’agit de se doter du bon matériel, et du bon logiciel. Le pouvoir nous appartient. Quand l’être humain a la volonté d’accomplir quelque chose, il y parvient. A l’humain, rien d’impossible.

C’est la grande nouvelle de cette période : la crise du coronavirus nous ouvre des horizons pour ainsi dire illimités pour tout reprendre à zéro. La possibilité de faire table rase pour concevoir matériel et logiciel, à neuf.

Muhammad Yunus : « La crise du coronavirus nous ouvre des horizons illimités pour tout reprendre à zéro »

Une décision mondiale, unanime mais simple, serait d’une aide immense : il faut la consigne claire que nous ne voulons pas reprendre là où nous nous sommes arrêtés. Non, nous ne retournerons pas dans la même ornière au nom de la relance économique. D’ailleurs, nous ne devons pas même parler de plan de « relance ».

Pour que l’objectif soit clair, nous devons parler de plan de « reconstruction ». Les entreprises seront au cœur de ce programme. La reconstruction pour l’après-coronavirus doit partir de ce principe fondateur : la conscience sociale et environnementale comme pilier central de toutes les décisions. Les Etats doivent faire en sorte que pas un seul dollar n’aille à des entités ou projets qui n’œuvrent pas, avant toute chose, à l’intérêt social et écologique de la société.

Nos premiers projets de reconstruction doivent être à vocation sociale. Et c’est aujourd’hui, en pleine tourmente, que nous devons les penser.

Pas de « relance », mais une « reconstruction »

Dans ce grand plan de reconstruction, je propose de donner le rôle central à une nouvelle forme d’entrepreneuriat que j’ai appelée le « social business ». Une entreprise de ce type a pour seul objet de résoudre les problèmes des individus, sans but lucratif pour les investisseurs autre que celui de récupérer leur mise. Une fois l’investissement initial amorti, tous les bénéfices sont réinjectés dans l’entreprise.

Pour les Etats, les occasions d’encourager, de privilégier et d’aider l’économie sociale à s’engager activement dans la reconstruction seront légion. Pour autant, ils ne doivent pas attendre que ces initiatives surgissent d’elles-mêmes au moment où elles sont nécessaires, ni dans un nombre suffisant. Les Etats doivent être moteurs, notamment en prenant en charge les plus démunis et les chômeurs à travers les instruments traditionnels de l’Etat-providence, en assurant l’offre de santé, en remettant en marche les services essentiels, et en soutenant l’ensemble des entreprises là où les initiatives d’entrepreneuriat social mettront du temps à émerger.

Pour accélérer leur émergence, les pouvoirs publics peuvent créer, à l’échelon national et local, des fonds de capital-risque spécialisés dans l’entrepreneuriat social. Ils peuvent encourager le secteur privé, les fondations, les établissements financiers, les fonds d’investissement à en faire autant et inciter les entreprises traditionnelles à se convertir à l’entrepreneuriat social ou à s’associer à des acteurs de l’économie sociale.

Dans ce plan de reconstruction, les Etats aideront financièrement des entreprises du social business à racheter d’autres entités ou se rapprocheront d’entreprises en difficulté pour les aider à se convertir. Les banques centrales doivent pouvoir permettre aux acteurs de l’entrepreneuriat social de recevoir le soutien d’institutions financières pour lever des fonds sur les marchés boursiers.

Pendant la reconstruction, forcément riche d’occasions à saisir, les Etats doivent s’attacher à impliquer un maximum d’acteurs. Qui pour investir dans l’entrepreneuriat social ? Qui sont les investisseurs de l’entrepreneuriat social ? Où aller les chercher ? Ils sont partout. Nous ne les voyons pas, simplement parce que les manuels d’économie actuels ne reconnaissent pas leur existence. Nos yeux ne sont pas formés à les repérer. Cela fait peu de temps que les cours d’économie abordent des sujets comme l’entrepreneuriat social, l’économie sociale et solidaire, l’impact investing (investissement à impact social) ou les organisations à but non lucratif. La reconnaissance dont bénéficient mondialement la Grameen Bank [banque spécialisée dans le micro-crédit] et le microcrédit n’y est pas pour rien.

La clé : le « social business »

Tant que l’économie restera une science vouée à la maximisation des profits, nous ne pourrons nous appuyer sur elle pour une reconstruction sociale et écologique. La bonne stratégie consiste à augmenter la part de l’entrepreneuriat social dans l’économie globale au fur et à mesure de la relance. La réussite du social business se verra non seulement à sa contribution grandissante à l’économie, mais aussi au nombre croissant d’entrepreneurs travaillant à la fois dans le modèle classique et le modèle social. C’est à cela que l’on saura qu’une économie à vocation sociale et écologique est en train de naître.

Dès lors que les pouvoirs publics sauront les reconnaître, les investisseurs et les acteurs de l’entrepreneuriat social surgiront d’eux-mêmes, pleins d’enthousiasme, pour jouer le rôle essentiel qu’exige d’eux cette occasion unique dans l’histoire. Ces entrepreneurs ne sont pas une petite communauté de bonnes âmes charitables. Il y a tout un écosystème mondial composé de multinationales géantes, de grands fonds d’investissement, de nombreux chefs d’entreprises pleins de talent, de fondations et de sociétés financières, tous forts d’une longue expérience dans le financement et la gestion d’entreprises sociales internationales ou locales.

Dès que le social business recevra des Etats l’attention qu’il mérite, des tenants indécrottables du profit personnel révéleront des talents inexploités pour s’engager dans l’entrepreneuriat social, avec des résultats précieux face aux crises que nous traversons, du climat au chômage en passant par la concentration des richesses.

Augmenter la part de l’entrepreneuriat social

Le plan de reconstruction doit abolir la division traditionnelle entre citoyens et pouvoirs publics. On part du principe que le rôle des citoyens est de prendre soin de leurs proches et de payer leurs impôts, et qu’il incombe à l’Etat (et dans une moindre mesure, au secteur associatif) de prendre en charge les problèmes collectifs que sont le climat, l’emploi, la santé, l’éducation, l’eau, etc. Le plan de reconstruction doit abattre ce mur et encourager tous les citoyens à s’engager en créant leurs entreprises sociales. Leur force ne dépend pas de l’envergure de leur projet, elle tient à leur nombre.

Le premier problème auquel ils pourront s’attaquer est celui du chômage que va créer l’effondrement de l’économie. Les investisseurs soutiendront la création d’entreprises sociales qui créeront des emplois. Grâce à eux, des chômeurs pourront aussi devenir eux-mêmes entrepreneurs. L’être humain est né entrepreneur, pas chercheur d’emploi. L’entrepreneuriat social peut aussi contribuer, aux côtés du secteur public, à la création d’un système de santé solide.

Du désespoir et de l’urgence de l’après-coronavirus, un Etat adoptant la bonne attitude pourra faire émerger un foisonnement d’activités comme on n’en a jamais vu. C’est à cette aune que l’on mesurera la qualité des dirigeants : montrer la voie d’une renaissance radicale du monde, par des moyens inédits, en fédérant tous les citoyens.

Si nous ratons le coche d’une reconstruction sociale et écologique, nous allons tout droit vers une catastrophe pire encore que celle du coronavirus. Nous pouvons aujourd’hui échapper au virus en nous confinant chez nous ; si nous ignorons les graves problèmes que connaît notre monde, nous n’aurons nulle part pour échapper à la colère de Dame Nature, et à celle des populations du monde entier.

Rapprocher citoyens et pouvoirs publics

Nos idées:

  • Jaffar: La non-réélection de Trump. Le covid a déclenché une crise économique et financière mondiale. Aux USA on sait que la prospérité économique au moment du vote présidentiel est un facteur important favorisant la reconduction du président/parti en place. Vice-versa, une crise économique favorise l’opposition.
  • Alain: Réalisme du monde des affaires. Je compte sur le réalisme du monde des affaires pour infléchir les stratégies.
  • Alain: Avenir de la planète. On peut espérer que les mouvements politiques vont voir apparaître de nouveaux leaders soucieux moins de leur avenir que celui de la planète
  • Jaffar: La réindustrialisation du pays. La pandémie a montré que la production à flux tendus était fragile et dangereuse. Que la Chine s’arrête pour une raison quelconque (pandémie, conflits internes ou externes) de produire et le pays souffre instantanément. De même s’il y a de fortes perturbations dans les transports aériens ou maritimes. Il faut donc réindustrialiser pour que le pays produise lui-même ses propres besoins essentiels non seulement de masques, tests covid19, respirateurs mais aussi de .. (liste ouverte)
  • Jaffar: Référendum d’Initiative Partagée (RIP). La démocratie élective montre quelques limites. Le pays possède une clause constitutionnelle qui a fonctionné pour la première fois sur la privatisation d’ADP. Les signatures ont été nombreuses mais inférieures au seuil du 1/10e des électeurs inscrits. La procédure RIP a quand même marché car elle a suffisamment retardée le processus législatif pour que le projet de loi devienne caduc dans le nouveau contexte économique créé par la crise covid19. Je rêve que le seuil du RIP soit abaissé à disons 1/25e des électeurs inscrits.
  • Jaffar: Je rêve que l’on interdise à l’industrie pharmaceutique de financer la recherche médicale pour éviter tous les conflits d’intérêt qui sont apparus dans la crise covid19. On pourrait entre autres remplacer cette source de financement par la création d’un Fond de la Recherche Médicale qui serait financé par toutes les taxes existantes et à venir sur les produits et services du secteur.
  • Jacky: pour préserver les habitants il faut avant tout préserver l’habitat. Je rêve que nos dirigeants agissant en notre nom recentrent leur décisions sur l’écologie
  • Jacky: réduire les échelles industrielles et économiques pour permettre aux économies régionales de se développer sainement et avec résilience
  • Jacky: dynamisation des monnaies locales
  • Jacky: dissociation des denrées agricoles des marchés financiers
  • Jacky: application stricte du principe de précaution dans les développements industriels (au lieu de dire comme dans l’industrie nucléaire ou la 5G que les risques ne sont pas prouvés)
  • Jacky: une école publique émancipatrice qui forme des têtes bien faites au lieu de têtes bien pleines, pleines d’une sagesse conventionnelle fugace